Tout le monde sait que le droit international, c’est le droit américain depuis 1945. Les règles, ce sont celles de Washington, avec ou sans l’aval de l’ONU. En clair, c’est la loi du plus fort, du moins tant que les États-Unis jugent être les plus forts.
Un peuple qui a volé leur territoire aux Indiens, les a exterminés et a ensuite exploité 14 millions d’esclaves importés d’Afrique, est vraiment mal placé pour donner au monde des leçons de démocratie, de liberté ou de respect des frontières en diabolisant Poutine.
Sur l’Ukraine, avons-nous encore des militaires qui savent de quoi ils parlent ou bien l’Otan a-t-elle réussi à formater irrémédiablement les cerveaux de nos officiers pour en faire des russophobes forcenés ?
Quand on se souvient de tous ces généraux, dont aucun n’a l’expérience de la guerre de haute intensité, venus quotidiennement casser du Russe sur nos écrans TV pendant 23 mois, et qu’on mesure aujourd’hui combien leur soi-disant expertise s’est révélée nullissime, on aimerait qu’ils nous la jouent un peu plus modeste. Mais non, certains persistent et signent !
La dernière Lettre de l’Asaf (Association de soutien à l’armée française) a de quoi sidérer tout citoyen possédant un minimum de bon sens et de culture géopolitique.
Je ne nie aucunement l’intérêt de cette association qui soutient nos armées et entretient l’esprit de défense de la nation, mais pour ce qui est du théâtre ukrainien, je me demande si les rédacteurs de la dernière Lettre savent de quoi ils parlent ou bien s’ils se contentent de rabâcher le narratif otanien qu’on entend depuis près de deux ans dans tous les médias.
https://www.asafrance.fr/analyses/lettres-asaf/item/l-ukraine.html
Cela dit, s’il est encore de bon ton d’accuser le Tsar de tous les crimes de la Terre, plus personne ne semble vouloir renvoyer l’Ours russe dans sa tanière, tant il s’avère qu’il est plus facile de vouloir lui faire la peau que d’y parvenir. Ivre de sa puissance supposée, l’Otan n’a pas réalisé que Poutine avait construit la meilleure armée du monde pendant que d’autres récoltaient les dividendes de la paix après l’effondrement de l’URSS. L’écrasante supériorité technologique de l’Alliance n’est plus qu’une fable.
Voici la conclusion de la Lettre de l’Asaf concernant l’Ukraine :
“Au moment où le conflit du Moyen-Orient occupe tous les esprits, n’oublions pas que notre soutien occidental à l’Ukraine est un témoignage de la solidarité internationale face à une violation flagrante des normes internationales. Il reflète un engagement envers la défense des valeurs démocratiques et de l’ordre basé sur des règles. Il est, pour la France, le témoignage de son engagement pour la défense d’un pays libre.”
Les lecteurs de RL connaissent très bien les causes réelles de l’offensive russe du 24 février 2022, lesquelles remontent à 1990. Ce sont des centaines d’articles que nous avons écrits pour dénoncer la propagande mensongère de l’Otan, pour annoncer qu’une victoire ukrainienne était impossible et pour dire que cette guerre voulue par les États-Unis n’était pas celle de l’Europe qui va tout perdre.
Tout accable les États-Unis qui n’ont jamais accepté l’idée gaullienne d’une vaste Europe de Brest à Vladivostok, qui aurait menacé leur hégémonie. Car la Russie, c’est 20 % des richesses minières de la planète et les meilleurs cerveaux de la recherche scientifique.
– Ce sont bien les Américains qui ont refusé dès 1990 que la Russie soit arrimée à l’Europe
– Ce sont encore les Américains qui ont promis à Gorbatchev de ne jamais élargir l’Otan à l’Est. C’est sur cette promesse que Gorbatchev a accepté la réunification allemande
– Malgré la dissolution du Pacte de Varsovie en 1991, les Américains ont conservé l’Otan
– Trahissant leur promesse (prouvée par écrit malgré les dénis occidentaux) les Américains, au lieu de construire la paix, ont élargi l’Alliance de 16 à 32 membres en trente ans
– C’est la CIA qui a renversé en 2014 le régime pro-russe en place à Kiev. Et l’Occident ose se poser en défenseur de la démocratie !
– En 2022, cinq pays de l’Otan possèdent encore des armes nucléaires américaines sur leur sol. Qui menace qui ? Depuis 1990, l’Otan n’a plus rien d’une alliance défensive, c’est, au contraire, un outil offensif aux ordres de Washington pour régenter le monde
– Ce sont les Américains qui ont rejeté toutes les demandes de Poutine réclamant des garanties de sécurité pour l’Europe
– Ce sont les Américains qui préparaient avec l’Ukraine une attaque sur le Donbass pour mars 2022 (une réalité reconnue mais systématiquement occultée).
https://www.aa.com.tr/fr/monde/moscou-lukraine-pr%C3%A9voyait-de-cibler-le-donbass-en-mars/2528842
Poutine n’a fait que voler au secours des populations russes du Donbass qui appelaient à l’aide.
Tout le discours otanien n’est donc que mensonge. L’agresseur, c’est bien l’Amérique.
L’Otan a toujours été l’agresseur, en Serbie, en Libye, en Irak, en Syrie, en Afghanistan. Avec les succès que l’on sait… En 1999, l’Alliance a bombardé la Serbie alliée de Moscou avec une armada de 1000 avions et dépecé le pays en l’amputant de la province du Kosovo, devenu un État mafieux, siège de tous les trafics : êtres humains, armes, stupéfiants et organes. Beau bilan !
Où sont donc les normes internationales et les règles démocratiques auxquelles se réfère l’Asaf pour justifier notre engagement aux côtés de l’Ukraine ?
La France se bat donc pour l’intégrité territoriale de l’Ukraine, mais reconnaît l’indépendance du Kosovo, décrétée de façon unilatérale au mépris du droit international ? Voilà un grand écart assez spectaculaire.
L’Occident pleure sur le sort de l’Ukraine, mais il applaudissait aux bombardements de la malheureuse Serbie, accusée injustement de génocide. Ces bombardements criminels contre un petit pays qui n’avait agressé personne ont duré 78 jours. Les avions de l’Otan ont effectué 38 000 sorties, entraînant de nombreuses bavures et victimes civiles.
La récupération de la Crimée par Moscou n’est donc que le juste retour du boomerang pour l’indépendance du Kosovo, imposée à Belgrade en totale violation du droit international et au mépris de la Russie, encore trop affaiblie pour s’opposer à cette ignominie.
Quand Poutine refuse de voir l’Ukraine devenir une base avancée de l’Otan aux frontières de la Russie, c’est exactement ce que Kennedy a refusé en 1962, quand Khrouchtchev a voulu installer ses missiles nucléaires à Cuba.
Non, ce n’est pas Poutine qui a enterré les accords de Minsk. C’est l’Ukraine qui ne les a jamais respectés en refusant d’accorder l’autonomie au Donbass pro-russe, avec la complicité de Paris et Berlin, cosignataires des accords.
L’Occident gémit sur le sort de l’Ukraine, mais, depuis 2014, les habitants du Donbass subissent, eux aussi, des bombardements ukrainiens perpétuels sans que l’Europe ni l’Amérique ne s’en émeuvent. 13 000 morts en huit ans. Mais pour l’Occident et nos ayatollahs de la bien-pensance, il y a des victimes davantage dignes d’intérêt que d’autres. Les unités néo-nazies qui torturent et décapitent un soldat russe, ça n’a jamais indisposé nos bonnes âmes.
Nous défendons le pays le plus corrompu et le plus mafieux de la planète.
Les aides sont détournées. Des centaines de millions de dollars partent dans les paradis fiscaux, volés par le pouvoir en place. Des détournements reconnus par la CIA mais sur lesquels l’Occident ferme les yeux tant que Zelensky continue de sacrifier son peuple sur l’autel des intérêts américains.
Et que dire des armes et munitions revendues sur le darknet, tant l’armée ukrainienne est corrompue. Des armes de guerre qui vont remplir les caves de nos banlieues pendant qu’on demande aux Français de rendre toutes leurs armes à feu.
Par conséquent, ce n’est pas en défendant l’Ukraine qu’on porte haut les couleurs de la liberté, de la démocratie et autres valeurs occidentales. Nos grands principes, nous ne faisons que les bafouer pour défendre les intérêts de l’Oncle Sam, à la fois ivre de puissance mais aussi de russophobie.
Et que dire des 12 trains de sanctions qui se sont retournés contre l’Europe ? C’était prévisible. Le monde entier et notamment le Sud global a un besoin vital des matières premières russes, de son pétrole et de son gaz. Il faut être un illuminé comme Bruno Le Maire pour vouloir casser les reins de la Russie.
Avec ses 3 000 milliards de dettes, sans une goutte de pétrole, la France s’enfonce dans la crise, tandis que Moscou tient tête à plus de 50 nations, malgré le gel de 300 milliards de dollars de la Banque de Russie que l’Occident rêve de voler.
Non seulement Poutine n’a jamais été isolé, mais il sort grandi de l’acharnement de l’Occident à vouloir détruire la Russie. Les BRICS concurrencent le G7 en termes de PIB et leur élargissement va en faire le poumon économique de la planète dès 2024, alors que l’Europe sera en récession.
Où est donc l’appauvrissement de la Russie, classée 5e puissance économique mondiale en PIB/PPA ? Où est l’isolement de Poutine, courtisé par toute l’Afrique et une partie de l’Amérique latine qui refuse d’être l’arrière-cour de l’Amérique ?
Le bilan de cette guerre est catastrophique pour le peuple ukrainien et pour l’Occident. C’est d’abord une énième défaite otanienne. Mais c’est surtout le suicide collectif de l’Europe.
Les crétins d’Européens ont ressuscité l’Otan moribonde, ils ont relancé la guerre froide pour 30 ans, ils ont enterré à jamais le grand projet d’une vaste Europe de l’Atlantique à l’Oural, si cher à de Gaulle.
Poutine ira jusqu’au bout de ses objectifs. Voilà 30 années que l’Occident trompe et humilie les Russes. Cette époque est révolue, ce sera dorénavant un rapport de force entre Moscou et l’Europe. Avoir gagné la guerre froide pour revenir au point de départ 30 ans plus tard, c’est certainement le plus retentissant échec politique depuis 1945. Merci Oncle Sam, merci les élites européennes !
Toute la paix en Europe est à reconstruire. Et nous, Français, devrions quitter l’Otan, le bras armé de la politique de Washington, qui finira par nous enrôler dans une croisade américaine contre la Chine. Comme si le sort de la 23e province chinoise, Taïwan, était notre problème.
Nous n’avons pas à être les supplétifs des États-Unis dans leurs guerres de domination. Avec les Russes, nous nous connaissons bien, nous avons une longue histoire commune. Nous nous apprécions et nous nous respectons. On a vu les Cosaques dans les rues de Paris, certes, mais qui d’autre que la Grande Armée est allé jusqu’à Moscou ? En 1942, un groupe de chasse français des FFL fut créé pour aller combattre aux côtés des aviateurs russes, le groupe Normandie-Niemen.
C’est la seule unité occidentale qui ait combattu au sein de l’Armée rouge contre les Allemands. Cette unité ne tarda pas à s’illustrer et à gagner l’estime des pilotes russes au combat. Et aujourd’hui, la population fleurit la tombe de ces pilotes français inhumés sur place. À la fin de la guerre, le commandement russe laissa ces pilotes multi-décorés repartir en France avec les avions sur lesquels ils avaient combattu. «Le don au régiment ‘’Normandie-Niemen’’ de tous les avions sur lesquels ils avaient volé fut une manifestation de l’amitié sincère entre les peuples français et soviétique.» — Maréchal Alexandre Novikov. Mais combien de Français connaissent cette page d’histoire des ailes françaises ?
Au lieu d’accabler nos amis russes, les russophobes feraient mieux de relire l’Histoire.
Car je rappelle aussi que ce sont les Russes qui ont gagné la guerre.
Hitler a englouti 80 % de son armée dans les steppes russes. Sans le sacrifice du peuple russe, jamais les Alliés n’auraient pu débarquer. Les Occidentaux ont la mémoire courte.
Par conséquent, voir aujourd’hui la France de Macron considérer les Russes comme des ennemis est infiniment triste. Bruno Le Maire transpire la haine, hurlant stupidement avec les loups, sans la moindre connaissance du problème, des enjeux et des risques d’une escalade sans fin. Encore une lumière de la Macronie !
Désespérer la première puissance nucléaire du monde en l’affamant, venant d’un ministre de la République, cela relève non seulement d’une stupidité sans nom, mais également de la psychiatrie.
Voilà ce que j’avais à rappeler aux rédacteurs de l’Asaf, qui visiblement, se contentent de relayer le discours otanien sans se poser de questions. Décevant.
J’ajoute que certains otaniens intégristes prétendent que certains arguments développés ici ne sont pas prouvés.
Faux ! Il suffit d’écouter Éric Denécé sur ce conflit pour savoir qui dit vrai.
Jacques Guillemain