Par Charles Gave
29 avril 2019
La liberté de la presse est au cœur de nos systèmes démocratiques. Sans cette liberté, le citoyen ne peut-être informé, ce qui rend caduque l’expression de sa volonté au moment du vote. Et comme ce vote sous-tend la légitimité de ceux qui nous gouvernent, il est facile de comprendre que sans cette liberté, il ne peut y avoir de légitimité pour ceux à qui nous avons délégué, par notre vote, le monopole de la violence légitime.
Venons-en donc à l’essentiel. Comment s’assurer que l’information que je vais utiliser est de bonne qualité avant de me précipiter pour faire mon devoir de citoyen ? Telle est la question…
Dans la catégorie « informations » qui vont influencer, ou pas, les électeurs, nous pouvons établir une classification toute simple des différentes possibilités, car il n’y a en fait que quatre catégories de nouvelles, et les voici : la nouvelle peut être vraie ou fausse, et elle peut être favorable ou défavorable aux structures de pouvoir qui dominent nos sociétés. Ce qui veut dire qu’avant d’aller voter, il me faut trier entre quatre types de nouvelles. :
- Celles qui sont vraies et utiles au pouvoir.
- Celles qui sont vraies et dangereuses pour le pouvoir.
- Celles qui sont fausses et utiles au pouvoir.
- Celles qui sont fausses et dangereuses pour le pouvoir
Et c’est là que les choses commencent à se compliquer, car je viens d’introduire une nouvelle idée, celle de « structure de pouvoir ». Bien entendu, ces structures de pouvoir vont essayer de contrôler le flux d’informations qui leur seraient défavorables, ce qui est compréhensible si elles étaient fausses et encore plus compréhensible si elles étaient vraies. Ces mystérieuses « structures « de pouvoir sont bien entendu au confluent des pouvoirs économiques, culturels et politiques ce qui nous amène fort normalement à une nouvelle distinction. Ces pouvoirs contrôlent-ils — ou non — l’information pour ne laisser passer que les catégories une et trois ?
La réponse a cette question est simple : autrefois l’information dans nos sociétés était assez libre, hier elle ne l’était plus, aujourd’hui, elle l’est à nouveau, ce qui est une bien triste nouvelle pour les gens qui nous gouvernent. Par exemple, dans ma jeunesse, aux USA, quelques centaines de familles possédaient la quasi-totalité des journaux et des radios. Certaines étaient républicaines, certaines étaient démocrates et d’autres étaient tout simplement apolitiques. La liberté de l’information était donc « garantie » en premier par la concurrence entre ces centaines de source. Et de fait, tout le monde voulait d’abord publier les nouvelles vraies ou détruire les nouvelles fausses. Mais une autre sécurité existait : l’extraordinaire diversité qui existait chez les journalistes eux-mêmes qui venaient de tous les horizons et cette diversité a duré tant que les écoles de journalistes n’existaient pas.
La qualité de l’information était donc garantie par le plus vieux mécanisme économique du monde, celui de la concurrence, qui prédominait aussi bien dans la distribution des nouvelles que dans leur traitement par les journalistes.
Où en sommes-nous aujourd’hui ?
Aux USA, depuis les années 90, les médias sont tous détenus par neuf grands groupes financiers (Walt-Disney, General Electric, Murdoch etc.). En France, cinq ou six groupes suffisent à tout contrôler, et c’est d’autant moins difficile que la totalité des journaux perd de l’argent puisque leur lecture est sans aucun intérêt. Si le propriétaire cesse de boucher les trous à la fin de l’année, tout le monde sera au chômage, ce qui réduit les velléités d’indépendance. Heureusement, l’État vient en aide aux propriétaires dans le besoin. Pour s’assurer de la docilité du petit personnel, les services du Premier ministre subventionnent directement les journaux, les titres que personne ne lit étant les plus subventionnés, cela va sans dire. Ce qui me remet en mémoire la fameuse formule de Mark Twain : si vous ne lisez pas les journaux, vous n’êtes pas informés. Et si vous les lisez, vous êtes manipulés…
Et manipulés nous l’avons été comme jamais, par exemple au moment de la dernière élection présidentielle, où en bons toutous qu’ils sont, les Français ont massivement voté pour celui que l’État profond avait sélectionné pour eux. Et plus le niveau d’éducation de l’électeur était élevé et plus il a voté pour le candidat que la nomenklatura avait choisi pour lui. Ce qui m’amène à une proposition dont j’espère qu’elle sera retenue par notre intelligentsia : Devraient être interdits de vote tous les gens qui ont des diplômes.
En fait, un peu partout, sauf peut-être en Grande-Bretagne, à la fin des années 90, les structures de pouvoir qui contrôlent ce que j’appelle le capitalisme de connivence ont capturé les média, tout simplement en en rachetant la propriété (voir pour le cas français : Ils ont acheté la presse : pour comprendre enfin pourquoi elle se tait, étouffe ou encense,de Benjamin Dormann ) et ont remplacé les journalistes formés sur le tas par des esprits médiocres et dociles formatés pour séparer le « Bien » du « Mal » et non pas le vrai du faux, par des écoles de conformisme qui sont devenus les séminaires ou est formée la petite cléricature toute dévouée à la Cause. Ce ne sont plus des journalistes, mais des militants. Les journalistes sont devenus des « indics » en charge de dénoncer auprès des puissants ceux qui ne pensent pas comme il le faut. Et du coup, nous nous trouvons dans une situation que le public a parfaitement perçue et qui est décrite par une plaisanterie qui courre les salles re rédaction : « Il y a aujourd’hui deux sortes de journalistes. Ceux qui sont honnêtes et qui sont au chômage, et les autres ». Du coup, jamais l’information n’avait été aussi peu libre qu’à la fin du siècle dernier et l’on en voit les ravages aujourd’hui.
Heureusement, l’Internet est arrivé et cette tentative de monopolisation de l’information organisée par les hommes de Davos a échoué lamentablement. Dans le fond, jamais dans l’histoire de l’humanité, l’information n’a été à la fois aussi libre et aussi concurrentielle qu’aujourd’hui. Du coup, tous les capitalistes de connivence qui avaient acheté les médias pour rendre service à leurs amis politiques qui, en retour, leur distribuaient de juteuses commandes étatiques, perdent tout ce qu’ils veulent sur leurs journaux, ce qui ne les touche guère, les sommes étant ridicules. Mais voir leurs copains au pouvoir se faire virer par l’électorat pour se faire remplacer par des populistes est beaucoup plus ennuyeux, car les nouveaux élus pourraient donner ces contrats à des gens compétents plutôt qu’à eux.
On imagine le drame.
Et du coup, la seule solution est de faire hurler par les médias aux ordres que toutes les nouvelles qui viennent de l’internet sont des « fake news », tout en faisant fabriquer par leurs médias à eux de vraies « fake news » (si j’ose dire), pour essayer de dégommer les « populistes » qui voudraient prendre la place de leurs copains. Et nous nous retrouvons devant une situation assez amusante : les médias officiels ont aujourd’hui une double caractéristique. Quand ils dénoncent quelque chose pour accabler un élu que le peuple n’aurait pas dû élire, c’est en général faux, mais par contre, ils ne parlent pour ainsi dire jamais de ce dont tout le monde parle sur le net, qui est en général vrai, mais qui serait à charge contre ceux qui les payent, c’est-à-dire les puissances d’argent. Nous en avons eu un exemple quasiment parfait avec les ennuis judiciaires de monsieur Trump, dont j’ai longuement parlé dans le passé.
Rappelons les faits, en oubliant les détails et en allant à l’essentiel.
Monsieur Trump est élu au grand désespoir de ceux qui contrôlent ce que l’on appelle l’État profond américain. Immédiatement, c’est-à-dire dès le lendemain de l’élection, la contre-attaque s’organise et des accusations sont lancées selon lesquelles monsieur Trump serait un agent russe, aux ordres de Poutine. Un enquêteur « spécial », monsieur Mueller, est désigné et cet homme va mener pendant plus de deux ans une enquête extraordinairement diligente puisque tous ses adjoints étaient des démocrates, supports actifs de madame Clinton.
Depuis plus d’un an, tout le monde savait qu’il n’y avait rien dans le dossier, mais l’enquête continuait puisque le ministère de la Justice était resté sous le contrôle des démocrates à cause de l’imbécillité ou de la trahison de celui qu’avait nommé comme ministre de la Justice monsieur Trump.
Après les élections de novembre, ayant conservé sa majorité au Senat, le Président a pu enfin remplacer l’inénarrable monsieur Sessions par monsieur Barr, ancien ministre de la justice lui-même. Ce dernier, qui est le supérieur hiérarchique du procureur spécial Mueller indique sans doute à celui-ci que la plaisanterie a assez duré et qu’il faut clôturer son enquête et en publier les résultats. Les résultats de ces deux ans d’enquêtes sont donc rendus publics tout récemment et monsieur Trump est totalement absous de collusion avec une puissance étrangère. En fait, il n’y avait RIEN dans le dossier à ce sujet.
Rien de grave donc, va me dire le lecteur, la Justice triomphe en fin de parcours… Oui et non, parce que, pendant plus de huit trimestres toutes les grandes chaînes de télévision, tous les grands journaux n’ont cessé de dire qu’ils avaient des informations « confidentielles » qui prouvaient que le Président était coupable. Des chaînes comme CNN ou CNBC, des journaux comme le Washington Post ou le New York Times auraient consacré plus de 90 % de leur temps d’antenne ou de leurs articles à répéter sans cesse ce qu’ils présentaient comme des informations sûres n’étaient que des calomnies que rien n’étayait. Le NY Times a même eu un prix Pulitzer pour récompenser la qualité de ces enquêtes qui n’étaient fondées sur RIEN. Du coup, plus de 40 % de la population était persuadée que monsieur Trump était coupable, en partant du principe « qu’Il n’y a pas de fumée sans feu ». Et le résultat ne s’est pas fait attendre : les Républicains ont perdu le contrôle de la chambre des Représentants lors des dernières élections ce qui rend la vie du Président beaucoup plus difficile.
Et voilà qui nous amène à une question politique par excellence.
Les journalistes ont le droit d’avoir des opinions politiques et de penser que monsieur Trump est une crapule. Ils ont le droit, et je dirai même le devoir, de dénoncer en place publique les hommes ou les femmes politiques qui auraient commis des crimes ou des impropriétés. Mais ils n’ont en aucun cas le droit de monter une campagne de dénigrement systématique, fondée sur des mensonges et visant à déstabiliser un pouvoir légitimement élu. La Liberté de la Presse est un principe essentiel, mais en aucun cas elle ne devrait autoriser les tentatives d’assassinats médiatiques auxquelles se livrent avec abandon tant de journalistes. Ce que je veux dire est ceci :
- Accuser avec preuves à l’appui est normal.
- Accuser sans preuve n’est pas admissible et est passible des lois sur la diffamation.
- Mais accuser, comme une grande partie de la presse américaine l’a fait, le Président des États-Unis EN SACHANT TOUT DU LONG QUE L’ACCUSATION ÉTAIT FAUSSE, ne relève pas de la liberté de la presse et ne saurait être puni par les lois qui régissent la diffamation. Car, il s’agit tout simplement, en ce cas-là, d’une tentative pure et simple de coup d’État.
Et c’est bien ce que nous avons eu aux USA : une tentative de coup d’État, organisée par les équipes de l’ancien Président Obama pour se débarrasser d’un homme qui contrecarrait leurs projets, et cet effort s’appuyait sur des réseaux secrets (mais que monsieur Barr est en train de révéler au grand jour) reliant des politiques, des hommes aux postes de commande dans des ministères régaliens et de nombreux journalistes. Dans cette tentative sont impliqués les anciens numéros un, deux, trois et quatre du FBI, les ex-patrons de la CIA et de la NSA, l’ancienne ministre de la Justice de monsieur Obama, peut-être Obama lui-même, et un grand nombre de journalistes et de patrons de presse.
Mais que viennent faire les journalistes dans cette galère ? La réponse est simple : au milieu des années 70, des journalistes aux USA ont fait tomber Nixon, homme de droite et républicain, et comme l’on dit vulgairement, cela leur a donné « la grosse tête ». Le rêve de tout journaliste est donc devenu de connaître la gloire en dégommant les hommes de droite, et voilà tout. Car, dans la vulgate marxo-globaliste qui sert de prêt-à-penser dans ce milieu, tout homme de droite est à la fois un idiot et un salaud. Il est donc du devoir de chaque journaliste de tout faire pour qu’un homme de droite au pouvoir soit détruit, au besoin par la calomnie, ou ne puisse s’y installer s’il s’en approche. Et comme ils sont animés par une morale qui soutient que la fin justifie les moyens, ils pensent tous fondamentalement qu’agir ainsi c’est faire le BIEN. Or être certain que l’autre est un salaud a toujours justifié l’ouverture de camps de concentration pour ceux qui ne pensent pas comme il faut. Et donc, aujourd’hui et fort logiquement, les chemises noires sont à gauche et bien entendu l’intelligence a fait le voyage inverse en passant de la gauche à la droite.
La bonne nouvelle est que la gauche est devenue bête et fasciste. La mauvaise nouvelle est qu’ils sont encore au pouvoir chez nous. Mais plus pour très longtemps, car le peuple est en train de s’en rendre compte.