23 décembre 2019
Charles Gave
Avant-propos
Cet article est mon dernier article de 2019. Je profite de cette occasion pour souhaiter à tous nos lecteurs de ma part, de celle d’Emmanuelle et de tout le monde à l’IDL, un joyeux Noël et une bonne et heureuse année 2020.
Charles Gave
Depuis bien avant son élection, le Président américain est en guerre contre ce qu’il est convenu d’appeler « l’État profond US », c’est-à-dire le FBI (la police fédérale), la CIA (les renseignements extérieurs), la NSA (tout ce qui tient à l’espionnage électronique), une bonne partie de l’appareil diplomatique (les diplomates de carrière), le parti démocrate, les médias, les Rinos (Republican In Name Only, supporters de Bush père et fils)… ce qui, chacun en conviendra, fait beaucoup de monde.
Et tous ces gens étaient au fond tout à fait d’accord pour que des hommes du FBI espionnent et la campagne présidentielle de Trump, et surtout le Président des USA une fois élu, en flagrante contradiction avec les lois et règlements qui régissent leurs activités dans l’espoir que ces Dupond et Dupont trouveraient bien quelque chose qui les débarrasserait de cet importun. Hélas (pour eux), au début 2018, après les élections au Congrès, un nouveau ministre de la Justice, monsieur Barr, remplaça le très incompétent monsieur Session, et cet homme éminemment honorable, après le rapport Mueller qui innocentait le Président, prit la décision de demander que monsieur Horowitz, l’inspecteur général du FBI, mène une enquête interne au FBI pour savoir QUI avait ordonné que le candidat, puis le Président Trump et son entourage soient mis sur écoutes, mais aussi COMMENT ces écoutes avaient été menées et si les procédures avaient été respectées.
L’inspecteur général du FBI est celui dont le rôle est de vérifier que le FBI respecte la loi. Il a un grand pouvoir d’enquêtes à l’intérieur du FBI, mais ne peut poursuivre ses recherches vers d’autres services (la CIA par exemple). Qui plus est, il ne peut pas faire témoigner les gens sous-serment et ne peut inculper quiconque. Tout au plus peut-il « recommander » qu’un juge, nommé à cet effet, inculpe, ou encore que ce juge fasse témoigner les suspects sous-serment, ce qui n’est pas rien. Chacun sait en effet que mentir sous serment devant un juge aux USA, peut amener le prévenu à passer le reste de sa vie en tôle, ce qui tend à limiter les mensonges.
Monsieur Horowitz, le 5 décembre, a rendu son rapport et il est stupéfiant. Je vais essayer de résumer les quelques points forts de ce rapport de près de 500 pages.
Le motif de ceux qui ont mis Trump sous écoute était que Trump aurait été un agent russe et que Poutine, ayant des informations compromettantes sur Trump, celui-ci aurait été dans le fond un traître. Comme “preuve de cette affirmation”, un dossier, fourni par un ancien agent des services secrets britanniques en poste à Moscou pendant longtemps. Les frais pour constituer ce « dossier », préparée par une société qui s’appelait Fusion GPS, avaient été payés par nulle autre que la candidate démocrate à la présidentielle, madame Clinton. Et à l’intérieur de cette société, la personne parlant le russe et qui avait été la cheville ouvrière de la préparation du dossier n’était autre que … l’épouse du numéro trois du FBI, chauds supporters de madame Clinton tous les deux. Et c’est ce dossier qui fut utilisé par le FBI pour solliciter auprès de l’administration compétente la mise sur écoutes d’un certain nombre de supporters de Trump qui participaient volontairement à sa campagne et qui tous avaient des liens avec la Russie. Et l’un d’entre eux, qui avait des liens avec la Russie, travaillait en fait pour la CIA et rendait compte de tous ses entretiens avec des Russes à ses chefs.
Pour obtenir une mise sous-écoutes d’un citoyen américain, il faut que les présomptions soient très sérieuses et que toute mise sur écoute doit être autorisée par un juge dont personne ne connaît le nom, celui qui demande le contrôle jurant que toutes les informations remises au juge sont authentiques et vérifiées.
Or tous les chefs du FBI se doutaient que le fameux dossier était un tissu de mensonges monté par un ancien du MI6 complètement mythomane et corrompu, le fameux monsieur Steele. Ce qui n’a pas empêché les patrons du FBI de jurer sur l’honneur que ce dossier était valable et crédible. Qui plus est, pour l’agent de la CIA volontaire dans la campagne de Trump et mis sur écoute par le juge, le FBI avait reçu l’information que cet homme, ancien officier de marine, appartenait bien à la « MAISON », ce qui n’avait pas empêché l’un de ces dirigeants du FBI de changer le texte de l’email de la CIA pour indiquer que notre ancien marin ne faisait PAS partie de la CIA. Ce qui est un crime aux USA, puisque si un policier ne fournit pas les informations à décharge qu’il aurait collectées au juge lors d’une enquête, alors il s’agit d’une forfaiture passible de la prison à vie.
Et le plus étonnant est ce qui va suivre.
D’après monsieur Barr, à partir de janvier 2017 au plus tard, TOUS les dirigeants sans exception aussi bien du FBI que de la CIA SAVAIENT que le dossier était un faux grossier et savaient aussi que monsieur Trump n’était en rien un agent russe. Et portant ils ont continué à se servir de ce dossier pendant encore un an pour continuer à demander des écoutes qui bien sûr ne trouvaient rien.
Et quand monsieur Comey, le grand patron du FBI fut enfin viré par le Président Trump, il fit immédiatement « fuiter » au New York Times les notes sur toutes les conversations qu’il avait eues avec le Président pour donner l’impression qu’il avait été viré parce qu’il était sur le point de prouver que Trump était un espion russe. Ce qui était triplement criminel, puisqu’il savait qu’il n’en était rien, que ces notes ne lui appartenaient pas, mais appartenaient au gouvernement, et que faire passer des informations soumises au secret défense est un crime. Et c’est cette présomption qui déclencha une vraie tempête à Washington et c’est sur cette présomption qu’un procureur indépendant, monsieur Mueller, fut nommé par le Congrès.
Et donc monsieur Comey a manœuvré pour que le Président élu soit l’objet d’une enquête qui dura plus de deux ans, alors même qu’il était le premier à savoir qu’il était innocent. Et pendant ces deux ans, nos maîtres-espions continuèrent donc à espionner dans l’espoir qu’enfin ils trouveraient quelque chose contre monsieur Trump, ce qui leur aurait permis de le faire tomber. Mais hélas pour eux, rien ne sortit, ni du dossier, ni des écoutes.
Mais par contre, monsieur Horowitz lui a levé quelques gros lièvres. D’abord il a trouvé beaucoup de choses tout à fait irrégulières, comme dix-sept cas de manœuvres inexplicables de la part des agents du FBI, TOUTES à charge contre le Président et aucune à sa décharge, ce qui est statistiquement troublant.
Monsieur Comey dit depuis deux choses pour s’en expliquer (jusque-là, il avait toujours refusé de reconnaître la moindre erreur). D’abord il insinue que ces erreurs étaient des peccadilles involontaires, ce qui n’est guère crédible puisqu’elles vont toutes dans le même sens et que c’était tout sauf des peccadilles. Ensuite, qu’en tant que grand chef, il n’avait pas le temps de s’occuper de détails dans une affaire secondaire, ce qui est encore plus ridicule tant espionner le Président élu dans l’espoir de le faire tomber est loin d’être une affaire courante, du moins je le souhaite.
Dans son rapport, monsieur Horowitz ne « s’explique » donc pas pourquoi les écoutes ont continué après janvier 2017, alors que tout le monde savait que le dossier était un faux et a beaucoup de mal à comprendre que les chefs du FBI aient continué à demander des écoutes sur des citoyens américains alors que tous savaient que le dossier était un faux, la seule pièce à charge étant le fameux dossier.
Ce qui est certain, c’est que le rapport Horowitz est sorti et qu’il embarrasse beaucoup de monde dans les coulisses de l’état profond US.
Mais nous disent les journalistes des médias officiels, monsieur Horowitz, qui aurait pu demander que tel ou tel haut gradé du FBI soit mis en examen ne l’a fait que pour un homme, celui qui avait falsifié le document indiquant que l’une des personnes mises sous écoutes faisait partie de la CIA. Pour les autres, les preuves ne seraient pas suffisantes. Et la presse s’est bien entendu jetée sur cette affirmation, en disant que « puisqu’il n’y avait pas de recommandation d’inculpation il n’y avait pas de crime. » Mais dans les dix minutes qui suivirent la publication de ce rapport, deux vrais poids lourds, messieurs Barr et Dirham mirent les choses au point.
D’abord, monsieur Barr, le ministre de la Justice fit savoir que la seule chose sur laquelle Horowitz pouvait enquêter était le FBI, qu’il n’avait pas le pouvoir de requérir des documents privés et qu’il ne pouvait suivre des pistes qui le mèneraient vers d’autres organisations gouvernementales comme la CIA par exemple et que donc son rapport n’était que très partiel et que les vraies pistes étaient suivies par le procureur Durham chargé de traiter le dossier sur le plan criminel et non pas administratif. Et monsieur Durham, dans la minute qui suivait, fit savoir à son tour que ce dossier ne valait en aucun cas acquittement, et qu’il aurait plus, beaucoup plus à dire, en temps voulu. Ce que confirma monsieur Barr dans une interview la semaine dernière où il annonça que l’enquête de Durham serait terminée et rendue publique quelque part à la fin du printemps ou au début de l’été.
Bref, il semble tout à fait évident que pour la première fois (?) dans l’histoire des USA, il y ait bien eu complot et que ce complot avait été mené par le Parti démocrate avec l’aide d’une bonne partie de l’appareil d’État alors sous le contrôle de l’administration Obama, le but étant de se débarrasser du Président nouvellement élu puisqu’il ne faisait pas partie de l’État profond et avait annoncé qu’il voulait le faire sauter.
Voilà qui risque de faire des vagues au début de l’été 2020, juste à temps pour l’élection présidentielle… à suivre donc.
Et le maigre contre-feu qu’ont trouvé les démocrates pour se dédouaner a été d’organiser un » impeachment » hâtif et rocambolesque sous deux motifs, le deuxième étant inconstitutionnel, puisqu’il ne peut y avoir d’obstruction du Congrès par le Président d’après la Cour Suprême, tout litige entre les deux pouvoirs devant être réglé devant les tribunaux, en vertu de la séparation des pouvoirs, et le premier, l’accusation d’abus de pouvoir, non prouvé, le Président ukrainien ayant dit à plusieurs reprises qu’il n’y avait eu aucun « qui pro quo » reliant des ventes d’armes avec une enquête sur Jo Biden, candidat démocrate à la magistrature suprême, les armes ayant été livrées en temps en en heure sans qu’aucune enquête ne soit diligentée en Ukraine sur l’ancien Vice-Président américain.
Il s’agit donc de la première fois où un Président est « impeached » sur de simples soupçons… et sans que rien n’ait été prouvé, tout simplement parce que les démocrates ont la majorité à la Chambre des représentants, et ont voté pour déposer le Président, ce qui est complètement contre l’esprit même de la Constitution qui précise que le Président n’est PAS responsable devant le Congrès sauf en cas de trahison ou de conduite criminelle, ce qui n’a pas été prouvé. Et le plus curieux est que ceux qui l’accusent sont sans doute ceux qui ont commis de vrais crimes et que ces gens-là sont soutenus par toute la presse. Nous vivons décidément dans un monde bien étrange.