Par Philippe Fabry
Mes lecteurs habituels le savent, depuis un an maintenant j’essaie d’anticiper le comportement de la Russie poutinienne en usant de la comparaison avec les deux précédents « tellurocratiques » en Europe : la France napoléonienne et l’Allemagne hitlérienne.
Je voudrais ici compléter, brièvement, cette analyse par la suggestion d’un autre théâtre de guerre que j’ai négligé dans mes précédents billets sur la question est qui est pourtant commun à l’épopée napoléonienne et à la Seconde guerre mondiale : l’Afrique du Nord et le Proche-Orient.
En effet, Napoléon, alors en tant qu’agent de la France révolutionnaire dont son régime serait la continuation, tout comme Hitler fut conduits à lancer des opérations dans le sud-est méditerranéen, à chaque fois dans un but stratégique dirigé contre la thalassocratie.
La Campagne de Napoléon en Egypte avait pour but de couper la route des Indes à l’Angleterre et d’affaiblir ainsi sa puissance commerciale.
La guerre du Désert menée par l’Afrikakorps de Rommel, après avoir secouru les Italiens en difficulté, avait pour objectif stratégique de rejeter les Britanniques hors d’Egypte et de s’emparer des pétroles d’Irak, avant de faire la jonction avec la Wermacht du front de l’Est sur le Caucase.
Les mouvements géographiques de l’expansion russe étant voisins de ceux que furent les directions de l’expansion napoléonienne puis hitlérienne, ce qui s’explique par le fait que le théâtre stratégique général demeure l’Europe et son pourtour, et donc que les positions stratégiques ne varient pas d’une occurrence à l’autre. Les vecteurs d’intervention étant simplement modifiés d’un cas à l’autre par la place géographique différente de la France, de l’Allemagne et de la Russie, il paraît donc logique d’envisager que la Russie poutinienne, à son tour, cherche à accroître son emprise sur la Méditerrannée, notamment pour obtenir la capacité de couper les lignes de ravitaillement européennes en hydrocarbures, en lançant une intervention du même genre, dont la nature reste à déterminer, en Méditerranée, peut-être sous des motifs antiterroristes.
Cependant, en admettant, comme j’ai déjà pu le faire dans les précédents billets, qu’il y a à l’oeuvre des règles de déplacement géographique, on peut penser que l’intervention russe se dirigerait plutôt vers l’ouest méditerranéen :
J’ai fait cette carte très rapidement pour permettre à mes chers lecteurs de visualiser cette idée de projection géographique. Le fond de carte est un fond de 1936, par conséquent les frontières de l’Europe, et notamment celles de la Russie et de l’Allemagne, ne sont évidemment pas les frontières actuelles, ni celles du temps de Napoléon.
Je n’ai pas d’idée plus précise que cela de ce que pourrait être cette intervention, mais je me suis dit que mes lecteurs pourraient être intéressés par cette petite réflexion complémentaire.