La bouffonnerie de l’art contemporain

Nicole Esterolle

Collection : Auteur : Pages: 240 ISBN: 9782865532650

Description

On ne rit pas de l’Art Contemporain ! » Le public le sait bien. Cela ne se fait pas. On passerait pour un beauf, ou pire : pour un nazi ! … Depuis plus de trente ans, on est respectueux
de l’AC, on est plein de componction, d’admiration ébahie. On s’incline devant sa haute moralité politique, sa « mission critique », son dérangement salvateur.

Eh bien non ! Nicole Esterolle n’est pas dupe. Son livre, plein d’informations rares et précises, arrive à point nommé pour parachever la levée de l’omerta sur cette anomalie historique qu’est l’art dit contemporain et pour favoriser le retour au sens élémentaire et au droit commun, dans un domaine ou Père Ubu était devenu le roi, entouré de ses innombrables bouffons du financial art .

Oui, l’art dit contemporain est une gigantesque bouffonnerie, dont les malheureuses victimes sont les artistes de l’intériorité et du contenu sensible, et dont les heureux bénéficiaires
sont les artistes de l’extériorité spectaculaire, du paraître, du contenant, de la posture et de l’imposture. Sans compter les financiers qui en profitent !

Informations complémentaires

Poids0.5 kg
Dimensions22 × 14 × 2 cm

Extrait

Des écoles d’endoctrinement à l’art contemporain

Dans cet article du Monde du 20 août 2013, on apprenait que  l’art contemporain s’était « réinventé » à Grenoble, dans les années quatre-vingts… Pour la bonne raison qu’à l’école des Beaux-Arts de cette ville, dans ces années là, c’était le foutoir total : « Jamais de cours… Les professeurs privilégiaient la fumée des cafés plutôt que les discours d’amphithéâtre… Les élèves préféraient les discussions nocturnes au labeur d’atelier…et pour eux le projet était déjà plus important que l’objet… », nous précisait l’article.

Oui, c’est bien vers les années quatre-vingts que l’art a opéré un basculement vers le contemporain et que l’enseignement de l’art en a fait nécessairement autant. Et c’est bien à ce moment qu’est apparue cette pédagogie du « désobéissez-moi », du « transgressez à tous prix », du « faites n’importe quoi », etc., autant de mots d’ordre pour un désordre synonyme de liberté et donc d’intense créativité. C’était l’avènement du « processuel et du discursif », c’est-à-dire du projet-discours remplaçant l’objet, du baratin au lieu du faire, et d’un questionnement tout azimut impliquant l’interdiction de la peinture, du dessin, du savoir-faire, du toucher de la matière, de la corporéité, du sensible, etc. toutes choses dorénavant bannies au profit du conceptuel et de l’immatériel, de l’évanescence rhétorique et des stratégies marketing.

Mais un « désobéissez-moi » pervers, psychogène et liberticide, qui, en donnant priorité au verbe, favorise l’installation de réseaux et d’appareils de pouvoirs parfaitement contraignants, assujettissants et décervelants et dont le totalitarisme est autant de nature soviéto-administrative que financiaro-capitaliste.

Alors, bien sûr, lorsqu’un ministre ou je ne sais quel haut fonctionnaire a suggéré, il y a quelque temps, que les écoles des Beaux-Arts ne dépendent plus du ministère de la Culture mais de celui de l’Éducation Nationale, vous avez vu comme moi cette immédiate levée de boucliers protecteurs et de pétitions vengeresses contre cette inacceptable perspective de remise en question du divin foutoir générateur d’intense créativité.

 

Des méfaits de la pédagogite dans l’art contemporain

Une de mes précédente chroniques disait les méfaits de la questionnite dans l’art contemporain et comment cette maladie du questionnement sur l’art entrainait la stérilisation de l’activité artistique au profit du discours sur celle-ci. Mais il faut parler aussi de l’un des effets corollaires de la questionnite : la pédagogiteCar en effet, « l’idéologie du questionnement en soi et pour soi », est devenue centrale dans l’enseignement des écoles d’art, où, dès lors, la célèbre boutade de James Joyce : « si tu peux faire quelque chose, fais-le ; si tu ne peux pas, enseigne-le », y prend tout son sens.

J’évoquais aussi le rôle de la questionnite comme facteur de dématérialisation de l’art et de titrisation du néant pour la fabrication des produits artistico-financiers toxiques qui ont inondé le marché international… Mais il est nécessaire d’évoquer corollairement le rôle de la pédagogite comme facteur de titrisation du pervers pour la qualification de ces des innombrables professeurs toxiques et tordus du psycho-mental, agents du grand marché mondial de l’inepte, peuplant les écoles d’art et grassement payés par le bon peuple français pour abrutir ses enfants. (Une pédagogite qui, précisons-le,  a commencé à se développer au début des années quatre-vingts, avec l’entrée en masse, comme professeurs d’école des Beaux-Arts, de questionneurs-interpellateurs subversifs en tous genres de la peinture, tels que les gens de support-surface qui théorisaient à s’en faire exploser les neurones, en peignant sur le châssis même, à l’envers de la toile ou sur toile mais sans châssis avec de grosses éponges, pour subvertir l’art bourgeois, soutenir les classes défavorisées et impressionner leurs élèves… mais qui aujourd’hui, retraités grassement payés et avachis  des neurones,  ont des cotes fabuleuses sur le marché du Financial art alors que les classes défavorisées le sont encore plus  et que les autres artistes sont encore plus misérables… merci support – surface pour votre héroïque participation  à la lutte des classes.

Et c’est ainsi que des milliers de jeunes gens normaux, sains de corps et d’esprit, artistiquement doués, doivent chaque année fuir les écoles des Beaux-arts pour sauvegarder leur intégrité mentale et physique.

Voici le témoignage à la fois émouvant et drôle, que m’a envoyé un jeune artiste sur ses mésaventures à l’école des Beaux-arts de telle ville de province. On y voit comment un jeune peintre au travail très estimable, un homme sain, positif, joyeux, est humilié, bafoué, disqualifié par ces sinistres et prétentieux pédagogues du néant :

« Chère Nicole, vos lignes sont les mots mis sur ce que je n’arrive pas à verbaliser depuis des années, et cela m’apporte beaucoup d’apaisement de vous lire. Je tenais à vous remercier pour cela. Merci aussi de mettre un nom sur ces produits du système ! Moi j’employais le terme de cortex sur pattes.

De 1996 à 1998, dans l’usine à schtroumpfs ou je m’étais retrouvé pour  m’illusionnais-je alors expérimenter la peinture auprès de maîtres, j’ai été confronté à cette ineptie. J’ai assisté pendant deux années, tous les mois de juin, à la mise bas de cette curieuse bête. En effet, au bout de cinq années de gestation, cette institution accouche inlassablement de clones qui s’empressent d’aller pointer à la DRAC ou au FRAC.

Alors moi je suis entré en résistance, et devant ce régime totalitaire où je risquais le camp de concentration pour insubordination et non conformité avec la politique artistique, je suis passé en zone libre.

Alors je me suis plongé dans la matière, dans la couleur, j’ai nagé dans la peinture, oubliant et refusant toute intellectualisation, j’ai fait mon expérience en marge de l’artistiquement correct.

En laissant ma tête de côté, j’ai ressenti ô combien l’expérience de soi est engagée dans la transformation de la matière, pour peu que l’on prête attention à ce que nous enseignent nos tripes, et j’ai senti la poésie de Bachelard vibrer  : « en transformant la matière, nous nous transformons nous-même ». Et puis, affamé par des années d’errances, en juin dernier, je suis retourné dans la gueule du loup me faire dévorer. Pour alimenter l’alimentaire, mon cher Watson, j’ai décidé de repasser cette chose nommée DNSEP (Diplôme National de Schtroumpf Emergent Professionnel), par la Validation d’Acquis d’Expérience. Je pensais niaisement que la politique avait changé, que l’on accueillerait mon travail de façon objective… Je me suis plié donc à l’exercice impensable de schtroumfiser mon travail, et, pendant un an, j’ai travaillé à intellectualiser l’inintellectualisable, à faire rentrer du sensible, de l’invisible, de l’émotionnel, dans une toute petite boîte réductrice, castratrice. Cela m’a fait l’effet de capturer un papillon et de l’enfermer dans un bocal.

Je me suis fait « coacher » par une schtroumpfette d’une autre école d’art, qui m’a dit un jour ne rien comprendre à ma manière de parler de mon travail… nous ne parlions tout simplement pas le même langage. Je voyais bien qu’il y avait quelque chose qui clochait. Le jour de l’examen, c’est devant cinq schtroumpfs (installateurs, directeur d’école d’Art, historiens de l’Art) médusés par le non-intérêt de mes propos (dixit le président du jury lors du débriefing téléphonique) que je me suis fait manger tout cru, comme le petit chaperon rouge. J’ai vraiment ressenti à ce moment le caractère politique de ce que ces écoles appellent l’Art, et je me suis senti encore une fois comme un opposant au régime. La politique définit les règles de l’Art, tout ce qui n’entre pas dans ces clous n’existe pas… Ce que m’ont renvoyé ces personnes ce jour là est justement cela : votre travail n’existe pas. « Votre peinture va mourir » m’a dit un des schtroumpfs, approuvé fidèlement par les autres. Eh bien ne lui en déplaise, ma peinture émerge, palpite, vit, et résistera toujours tant qu’il faudra se battre pour lutter contre cette « connerie subventionnée », pour reprendre un terme lu plus haut. Si eux sont des Schtroumfs, je suis du côté du village des irréductibles Gaulois. Je peins, persiste et signe. Et merci pour cet espace d’échange.

 

Au Salon de Montrouge des post-diplômés des écoles de Beaux-Arts

Un têtard-émergent-sur-la-scène-artistique-internationale est un jeune plasticien, frais émoulu ou post-diplômé le plus souvent, d’une école des Beaux-arts, et qui, dument formaté, endoctriné, programmé, étêté, ramolli, hagard, commence à montrer ses œuvres dans les circuits d’expositions institutionnels installés pour cela, comme le Salon de Montrouge.

Le têtard émergent, c’est un peu comme ces jeunes talibans-étudiants en théologie sortant des écoles coraniques, parfaitement analphabètes mais redoutablement armés pour défendre et promouvoir leur ignorance. Le têtard émergent ne sait pas dessiner, ni peindre, il bricole tout juste des installations improbables avec scotch, parpaings et bouts de ficelle. Il est parfaitement inculte en histoire de l’art, hors celle qui concerne ses référents Duchamp, Buren, Millet, Koons, Lambert, Rutault, etc., il est puissamment armé en arguments rhétoriques d’une extrême sophistication conceptuelle lui permettant de justifier, ses bricolages et de fusiller les mécréants qui doutent de leur pertinence et de leur performativité. Questionneur sociétal infatigable, il est un vrai révolutionnaire et un courageux combattant pour une société meilleure. Il est une pure intellectualité, et c’est pour cela que j’ai changé son ancienne appellation « schtroumpf émergent » en « têtard émergent », qui me semble mieux adaptée en ne faisant pas référence aux sympathiques petites chaussettes bleues de Peyo. Têtart qui émerge, oui, de ce bouillon de culture putride…

Il est un cortex sur pattes, qui convoque, interpelle et interroge tout ce qui passe à sa portée et sur tous les sujets  dont la liste officielle figure dans un précédent chapitre. 

Il fallait donc que la France se dotât d’un lieu d’émergence de ce questionnement sociétal multidirectionnel et fondamental, d’un lieu de découverte et de reconnaissance qui fasse aussi « accélérateur de carrière », pour ces milliers de jeunes performateurs sortis chaque année de nos écoles des Beaux-Arts…et c’est le Salon de Montrouge qui a été investi de cette fonction.

 

Alors, la ville y a mis le paquet financièrement, avec la DRAC, le Conseil Général, le ministère et des sponsors de toutes sortes. On a créé un « Collège critique » réunis­sant une quinzaine d’éminents acteurs du réseau, jour­na­listes, his­to­riens, cri­tiques, collectionneurs, gale­ristes et com­mis­saires d’exposition, tous issus de l’appareil art contemporain institutionnel et des réseaux grands marchands, dont voici la composition pour l’année 2014 : Gaël Charbau, Critique d’art et commissaire d’exposition, directeur des éditions Particules. Christian Berst, Directeur de la Christian Berst, Paris, Augustin Besnier, Critique d’art, Daniel Bosser, Collectionneur et ancien Président des Amis du Palais de Tokyo Sandra Cattini, Critique d’art et inspectrice à la Direction générale de la création artistique ; Yann Chevallier, Directeur artistique du Confort Moderne, Poitiers, Elisabeth Couturier,Critique d’art et journaliste, Philippe Cyroulnik, Critique d’art et directeur du 19, Crac de Montbéliard, Marianne Derrien, Critique d’art, Christophe Donner, Écrivain, Dorith Galuz,Collectionneuse, Alexis Jakubowicz, Critique d’art et commissaire d’expositionBernard Marcadé,Critique d’art, Anne Martin-Fugier, Écrivain et collectionneuse , Laetitia Paviani, Critique d’art , Céline Piettre, Critique d’art et journaliste, Michel Poitevin, Collectionneur et administrateur de l’ADIAF, Paris, Alexandre Quoi, Historien d’art, Olga Rozenblum, Productrice, red shoes, et co-fondatrice du Treize, Paris, Eric Suchère, Écrivain et enseignant, École Supérieure d’Art et Design de Saint-Étienne, Camille Viéville, Historienne d’art, Mathilde Villeneuve, Critique d’art et directrice des Laboratoires d’Aubervilliers.

Que du beau monde donc trié sur le volet, pour trier environ 3000 dossiers de candidature correspondant à la fournée annuelle de jeunes têtards diplômés avec félicitations du jury, et pour en extraire la quintessence, soit  une centaine d’exposants, avec parmi eux les futurs stars du marché international… Heureux élus bénéficiant déjà, grâce à Montrouge, d’une aide concrète à travers une bourse à la production, d’un « accompagnement critique », de la perspective d’une exposition au Palais de Tokyo (partenaire fidèle et emblématique de leur souci de professionnalisation), de l’inscription dans les réseaux des FRACs, des structures de monstration subventionnées, de la Fondation Pastis Ricard (L’abus…consommer avec modération), la Fondation ADIAF pour le Prix Marcel Duchamp, etc.

Cette vocation du Salon de Montrouge de détecteur des futurs « produits artistico-financiers internationaux », s’est affirmée, en 2009, avec la nomination de Stéphane Corréard à sa direction, en remplacement d’Alain Lamaignère, qui avait su jusqu’alors conserver à ce Salon la diversité, la prospectivité et l’indépendance vis à vis des injonctions institutionnelles et grand-marchandes, qu’avait su lui insuffler à son origine, sa géniale créatrice Nicole Gignoux.

Ce virage esthético-idéologique s’est amorcé en 2009 avec l’arrivée, en tant qu’invité d’honneur de l’artiste Label-Rojoux, par ailleurs professeur de foutage de gueule à la Villa Arson (École des Beaux-Arts de Nice).

« Aujourd’hui, l’art est devenu avec le football et la télé-réalité l’une des seules possibilités d’ascension sociale rapide »« Bien sûr, le marché a toujours raison : à long terme, parce qu’il s’aligne sur l’histoire de l’art, et à court terme, parce qu’il n’y a plus personne pour le contredire !”… « Les artistes qui sont aujourd’hui plébiscités par le marché seront-ils au firmament de l’histoire de l’art dans un siècle ? Non, à coup sûr, … Il y a eu des artistes portés aux nues de leur vivant, et de l’argent trop vite gagné qui ne demande qu’à être épongé : les deux sont faits pour se rencontrer. » Voici, quelques molles platitudes moralisantes, qui ne manquent pas de vergogne de la part d’un Stéphane Corréard qui est, par ailleurs, expert pour la maison de ventes Cornette de Saint-Cyr et en plus collaborateur du journal Art Magazine pour sa rubrique de conseil aux spéculateurs, intitulée « délit d’initié » et présentée comme suit : « Dans un marché de l’art totalement dérégulé, le délit d’initié, loin d’être une infraction, guide les acquisitions des plus importants collectionneurs. À cette fin, ceux-ci rémunèrent des conseillers, les « artadvisors ». Leur métier ? Deviner avant tout le monde qui seront les futures stars pour les acheter, dès aujourd’hui, à des prix avantageux. Chaque mois, Arts Magazine lève un coin du voile, décortique la mécanique artistico-financière, et vous fait profiter des conseils d’achat de son duo de spécialistes, un critique d’art et un analyste financier, Stéphane Corréard et Étienne Gatt »… On croit rêver ! Car, plus que de délit d’initié, on pourrait parler en ce cas  de mélange des genres voire de conflit d’intérêts flagrant puisque celui qui «  devine avant tout le monde qui seront les futures stars pour les acheter, dès aujourd’hui, à des prix avantageux » est le même qui les fabrique au Salon de Montrouge et, dans le même temps regrette, qu’il n’existe plus d’autre instance de légitimation valide que celle du grand marché … que les musées désargentés soient contraints,  à l’instar du centre Pompidou de ne plus montrer que  les chouchous des gros collectionneurs… que  la critique d’art ait perdu de son crédit au profit des courbes d’Artnet ou d’Artprice… Que les artistes eux-mêmes songent parfois plus à faire carrière qu’à faire œuvre…à l’instar des têtards de Montrouge…

Alors, au point où l’on en est de ce double langage, de cette salade rhétorique, de ce cynisme, ou de ce délabrement logique, on ne s’étonne pas de la présence de la Galerie Christian Berst adoubée par l’appareil en récompense de s’être spécialisée dans la titrisation boursière des œuvres de l’art brut qui en avaient été préservées jusque là… On ne s’étonne pas de voir l’excellent Muzo avec cette toile représentant un jury des Beaux-Arts « marcher sur des œufs » pour ne pas heurter la doxa d’État… On ne s’étonne pas de voir un merveilleux dessin de l’excellent Quentin Spohn  qui n’a rien à faire ici, sauf pour servir d’ alibi à l’inanité du reste…On ne s’étonne pas non plus de ce comble du cynisme ou de la bouffonnerie perverse, qui consiste à inviter « l’artiste en tant qu’escroc » nommé Eskrocar, qui s’est justement spécialisé dans la dénonciation de l’escroquerie, de l’imposture et du foutage de gueule caractérisant l’art tel que l’ont appris et le conçoivent la majorité des tétards émergents de Montrouge

 

En Avignon, le collectionneur milliardaire Yvon Lambert gravement contrarié par une révolte des élèves de l’école des Beaux-Arts

 Il est de notoriété publique que la principale vertu du grand stratège artistico-financier Yvon Lambert est de ne rien comprendre ni à la peinture ni à l’art. En effet, il est de notoriété publique que, lorsqu’on lui a présenté Miguel Barcelo, le grand peintre catalan qui est aujourd’hui dans sa collection, il a trouvé que sa peinture était « sale ». Mais il s’est bien vite ravisé un ou deux ans après, quand il a vu que l’artiste catalan mettait le pied chez d’autres gros marchands… Je tenais à vous donner d’emblée cette info et ce paramètre éminemment éclairant  pour cette affaire avignonnaise.

 

En Avignon, c’est donc la grosse mutinerie depuis deux mois, à l’École Supérieure des Beaux-Arts, avec des manifestations dans les rues du Festival et des pétitions organisées par les élèves, qui en ont marre de leur Jean-Marc Ferrari de directeur et veulent le passer par dessus bord (voir plus loin le commentaire d’Alan Bic joint).

Certains pensent que ce serait une perte irréparable, car un directeur qui est capable d’énoncer  une phrase de cette trempe-là : « dans une école d’art, il y a le chaos d’abord, et de là ensuite peut émerger quelque chose qui puisse interroger la beauté du monde », ne peut être complètement mauvais … et d’ailleurs son projet de commissariat pour la prochaine BAC – Lyon intitulé justement « du chaos à la beauté du monde », le plaçait en tête des postulants… sauf que cette révolte d’étudiants risque de tout compromettre.

L’autre personnage-clef de cette rébellion avignonnaise, c’est le galeriste-collectionneur milliardaire Yvon Lambert, qui a fait don à l’État de sa collection d’une valeur inestimable, mais estimée par Christie’s à près de 100 millions d’euros, qui a reçu la Légion d’Honneur et la visite du gentil François Hollande pour cela, et qui a fait de la ville d’Avignon son dépositaire et hébergeur permanent en l’Hôtel de Caumont et l’Hôtel de Montfaucon voisin (ex-gendarmerie mais néanmoins superbe édifice historique classé).

La commune vertu entre les artistes de cette collection, c’est qu’ils sont parmi les plus chers du monde. Ce sont dans l’ordre alphabétique : Carlos Amorales, Miquel Barcelò, Jean-Michel Basquiat, Christian Boltanski, Daniel Buren, André Cadere, Vincent Ganivet, Nan Goldin, Douglas Gordon, Jenny Holzer, Roni Horn, Zilvinas Kempinas, Anselm Kiefer, Barbara Kruger, Bertrand Lavier, Claude Lévêque, Allan Mac Collum, Robert Mangold, Brice Marden, Vik Muniz, Diogo Pimentao, Robert Ryman, Richard Serra, Andres Serrano, Niele Toroni, Salla Tÿkka, Cy Twombly, Lawrence Weiner… Il s’agit donc du nec plus ultra du conceptualo-financial-art mondial. Car à part Barcelo, Basquiat, Kiefer et Twombly, dont les œuvres contiennent une substance artistique tangible (salissante certes, mais durable), tous les autres sont d’une immatérialité artistique très « propre », qui les classe dans les bulles à haute valeur spéculative, mais à haut risque d’éclatement à court terme. Citons notamment les inénarrables Buren, Lavier, Toroni, qui ne vaudront pas un pet de lapin dès que l’inepte dominant aura implosé.

 

Citons aussi le délicieux Claude Lévèque, boute-en-train « ambianceur » de renommée internationale pour FRAC, musées, châteaux, églises, cathédrales, biennales, hangars agricoles, grottes préhistoriques, qui a, dit-on, « puisé ses influences dans les milieux noctambules et festifs parisiens des années 80 », et qui affirme lui-même qu’ « une œuvre est réussie quand le spectateur ne peut pas la supporter plus de trois secondes »…  Signalons ici plutôt qu’ailleurs, que Lambert avait proposé sa collection à la ville de Montpellier, mais qu’il s’est fait éconduire par Georges Frèche, qui avait très vite compris qu’il s’agissait d’un cadeau empoisonné et qui, comme tout le monde le sait, n’aimait pas qu’on le prenne pour une banane.

Et puis il y a enfin le très scato-bigot-bigorneau de Serrano, dont la photo d’un crucifix trempé dans son urine a été violentée par une bande de jeunes crapauds de bénitier cagoulés, intégristes hitlériens du quartier. Lequel attentat, très bien exploité médiatiquement par Mézil, Ferrari et Cie, a multiplié immédiatement par trois la cote de ce « Piss Christ » sur le marché, au point qu’on se demande si les intégristes n’étaient pas manipulés, comme la jeune hystérique qui peu auparavant avait déposé un baiser rouge baveux sur un tableau de Twombly, ce qui avait triplé aussi   sa cote et avait provoqué chez l’artiste de 92 ans une érection carabinée. Aussi, l’œuvre profanée, a-t-elle été pieusement conservée et exposée en l’état. Elle a bien entendu attiré des milliers de festivaleux en quête de sensations culturelles fortes. Et toute cette  plèbe anti-populiste et culturolâtre, venue se prosterner éplorée devant les symboles profanés de l’argent-roi, fait , paraît-il,  hurler  de rage les mânes de Jean Vilar.

Et c’est là, devant ce Piss Christ défoncé que nous retrouvons notre susdit Jean-Marc, chaotique beauté du monde de Directeur, qui y va, devant un public subjugué, de son émouvant couplet sur l’intolérance, l’intégrisme, le nazisme, la bête immonde, etc., pour se faire bien voir de son prestigieux voisin Yvon Lambert. Car il faut savoir que jouxtant l’Hôtel de Caumont, où est hébergée la collection Lambert, il y a l’Hôtel de Montfaucon,  superbe édifice historique classé (ex-gendarmerie au demeurant) qui a hébergé jusqu’à aujourd’hui, l’École Supérieure des Beaux-Arts dont Jean-Marc Ferrari est le directeur. Ce voisinage ayant été pensé au départ comme pédagogiquement vertueux pour les élèves ainsi placés en proximité irradiante des « grandes œuvres de notre temps ».

 

Et c’est là que l’on trouve une première des multiples raisons de la révolte des élèves, car pour ce qui est de l’« irradiation » bienfaisante dont ils devaient bénéficier, cela consista surtout à les utiliser comme larbins balayeurs et manutentionnaires. La deuxième raison, c’est qu’aujourd’hui, cédant aux exigences du mégalomane Lambert, et ne pouvant lui donner le Palais de Papes, la municipalité a décidé de déloger l’école des Beaux-Arts pour donner les deux hôtels contigus à sa « fabuleuse » collection. « La mairie préfère investir massivement de l’argent public pour la Collection d’un milliardaire, plutôt que d’assurer la survie d’une école et montrer aux yeux de tous le mépris des pouvoirs publics pour l’école et ses étudiants », protestent les élèves, qui commencent à comprendre le mécanismes et la logique de fond de cette collusion entre bien public et intérêts privés dont ils font les frais. Ils comprennent comment l’argent et le dispositif publics sont utilisés pour cautionner, valoriser, garantir la cote des artistes et donner valeur patrimoniale à des produits financiers qui n’en ont pour la plupart aucune. Ils comprennent comment Lambert, en faisant ainsi donation d’une partie de sa collection, valorise ce qui lui reste d’un montant bien supérieur à la valeur de ce qu’il a donné (pas folle la guêpe !)

Ils comprennent maintenant pourquoi Yvon Lambert est récompensé pour tout l’argent qu’il a gagné et pour son long travail de promotion de l’art américain au détriment de l’art français et européen. Ils comprennent pourquoi on les déloge, pourquoi la ville, épuisant son budget culture, prend à sa charge tous frais d’entretien, d’assurance, de loyer et de gardiennage, et pourquoi le département, la région et l’État subventionnent un maximum cette ahurissante opération. Ils ont compris le caractère forcément pervers de l’enseignement qu’on devait leur infliger dans ce contexte de dérogation totale à toutes les règles et valeurs éthiques tant qu’esthétiques respectées ailleurs.

« Nous considérons notre mouvement comme le point de départ d’une remise en question générale de l’enseignement de l’art en France », disent-ils sur leur site où l’on peut retrouver l’historique, les raisons et l’actualité de leur lutte au jour le jour.

Ils y dénoncent :

-les très nombreux dysfonctionnements de leur école et les abus de pouvoir de son directeur.

– l’annulation de l’élection d’un représentant étudiant, le clientélisme, le management par la terreur, le harcèlement moral et physique, le sexisme

– les pressions qui s’accentuent, culminant lors d’un dépôt de plainte au commissariat à l’encontre du directeur, notamment pour les faits de harcèlement dénoncés : refus de prendre les plaintes, accusations répétées de « mythomanie », présence de policiers en civil de la DCRI, intervention du commissaire…

– les coups tordus portés par ceux qui tiennent à maintenir coute que coute leur rôle de petits chefs et de serviteurs d’un enseignement policier de l’art des élites,

– une pédagogie axée moins sur une approche de fond de la création que sur des stratégies à court terme de communication, de marché, de succès, d’expositions.

– l’absence totale de formation académique classique au métier, au dessin, à la peinture, aux techniques, pour privilégier de nouvel académisme de la transgression systématique avec l’éternelle référence à Duchamp.

Les élèves ont pris un avocat qui leur permet de donner à leur lutte une dimension juridique, avec obtention déjà de nombreux témoignages, tel qu’il est possible de le lire dans leur blog au 25 juillet 2012 :

  • Un témoignage de mise au placard et de harcèlement moral, exercé sur un ancien professeur poussé au départ par Jean-Marc Ferrari,
  • Un témoignage de harcèlement sexuel, qui montre que les pratiques de harcèlement sexuel exercées par Jean-Marc Ferrari existent depuis de longues années au sein de l’école : durant les années 2000 déjà, certaines étudiantes ont été victimes des pratiques de ce directeur. (Il est vrai que ce type de harcèlement est une pratique pédagogique homologuée dans beaucoup d’écoles d’art comme exercice d’initiation à l’art contemporain et de débridage de l’imaginaire. NDRL)
  • Un témoignage qui évoque un cas de favoritisme; dans ce domaine également, ce témoignage démontre que le tout-puissant directeur Jean-Marc Ferrari pensait déjà dans les années 2000 pouvoir délivrer un diplôme contre l’avis des enseignants, alors qu’une étudiante n’avait pas validé les U.V. (Unités de Valeur) indispensables.
  • Un témoignage qui fait la démonstration du défaut d’organisation de l’école d’art d’Avignon,
  • Un témoignage qui évoque la maltraitance et les humiliations exercées par Jean-Marc Ferrari sur les personnels comme les étudiants-es,
  • Un témoignage qui démontre encore que les productions du management du directeur Jean-Marc Ferrari sur la santé des personnels sont parfaitement connues des services de la Mairie d’Avignon depuis plusieurs années.
  • Un témoignage enfin de harcèlement et de menaces, témoignage qui fera l’objet d’un nouveau dépôt de plainte contre le directeur Jean-Marc Ferrari, dès le début de la semaine prochaine.

 

 Cette révolte d’Avignon apparaît donc comme une brèche historique ouverte dans la gigantesque forteresse de l’ « art contemporain » façon Lambert, et de son enseignement. Il est probable qu’elle sera étouffée, que les élèves n’auront jamais leur diplôme, qu’ils seront exclus et en seront pour leurs frais d’avocat. Car ici, il ne s’agit plus, comme à l’habitude, d’une subversion de pure forme, subventionnable et récompensable par les félicitations d’un jury aux ordres. Ici nous ne sommes plus dans l’immatériel, la rhétorique sans objet, le conceptuel duchampien. Ici, nous sommes dans le dur, dans le réel, la vraie vie, l’authentique prise de conscience, la vraie lutte, la vraie création, et la vraie subversion d’un système parfaitement nécrosé par l’argent et la bureaucratie réunis.

Quant à vous, Messieurs les élus des collectivités avignonnaises : Honte à vous ! L’histoire se souviendra de votre incurie et du préjudice que vous avez causé à l’art, en le plaçant à la merci de tous les pervers et prédateurs de ce monde déréglé

 

 Affaire de l’école d’Art d’Avignon :

un témoignage d’Alan Bic qui balance bien !

 

Dans cette affaire de l’École d’art d’Avignon, c’est toute une ambiance nocive qui remonte à la surface. C’est comme l’extrême fin des années quatre-vingts avec leurs excès et leur folie douce fonctionnarisée.  Jean-Marc Ferrari après avoir été un artiste de fantaisies et avoir ouvert à Montpellier une galerie branchée, fut conseiller artistique en Midi Pyrénées. À cette époque-là avec un petit diplôme des Beaux-Arts on pouvait devenir un décideur de l’art comptant pour rien. Bon nombre d’étudiants en histoire de l’art devinrent des directeurs de centres d’art. 

C’était la période de Jacquot, je  veux dire Jack Lang avec toute sa bande de domestiques qui étaient devenus des petits chefs de région, le ministère des Affaires Étrangères n’était pas en reste avec l’Afaa qui dispensait des résidences en pays étrangers à ses petits amis… 

Pour en revenir à Ferrari, il fut, un manipulateur qui se servait des jeunes artistes pour produire beaucoup de projets bidon. Toulouse a poussé un ouf quand il est parti mais ses successeurs furent tout aussi pauvres d’idées. Pour ce qui est de son despotisme à l’école d’Avignon, il faudrait que les étudiants se souviennent qu’il y a eu Mai 68 et qu’il suffit de le mettre dehors de cette école par la force des étudiants eux-mêmes, prenez donc le pouvoir dans votre école, travaillez par vous-mêmes, l’information vous l’avez, ne vous êtes-vous pas rendu compte que tous ces profs ne vous servaient à rien ?

Toujours à Toulouse, est née la carrière de Pierre-Jean Galdin, petit jeune boutonneux sorti des Beaux-Arts, bombardé du jour au lendemain, par l’intermédiaire de Ferrari et de quelques socialistes, directeur du centre d’art de Labège. Un lieu où personne ne venait ! Galdin, un vrai produit domestique et cirage de pompes à vomir. Lui aussi parti à Blois chez Jacquot-le-Craquant… 

Ces deux jeunes types friands de pouvoir on fait beaucoup de mal à Toulouse qui dans les années quatre-vingts avait une dynamique formidable initiée par ses artistes, leurs associations et revues. Bien sur, les politiciens ignares de la Région Midi-Pyrénées, du département de la Haute-Garonne et la Drac (Direction Régionale des Affres Culturelles) suivirent ces deux « conseillers » et sortirent les sous !

Pour ce qui est d’Yvon Lambert, dont le milieu de l’art connaît son avarice, j’imagine que la totalité de sa collection ne lui a pas couté un sou, car je sais comment il procède avec les artistes ! Comme 99% des marchands, il lui manque un œil, ce n’est pas le tout de connaître son histoire de l’art. Lambert n’a jamais découvert un artiste, il a suivi toujours la mode. Il passa avec difficulté de l’Art minimal qu’il défendait aux mythologies individuelles et autres figurations du début des 80’s, aujourd’hui, le voila mis sur un piédestal de grand mécène, grand montreur d’art pour les masses…

Après lecture du comité de soutien à Ferrari, comité de soutien de l’éthique magouille et grenouillage d’un petit milieu qui ne connaît pas la crise, je vois aussi le nom de Jean de Loisy, un peu plus fin que ses deux précédents collègues, celui qui présente bien, à l’aise partout, bsbg comme on les aime en France. Rien à dire sur cet élégant bipède qui lui aussi défend le bifteck et son petit ne monde de privilégiés. 

On a comme l’impression que cette affaire d’Avignon met le feu aux poudres, que la révolte ne saurait tarder, que l’art ornemental qui corne et ment n’est plus qu’une imposture, on sent que les choses pourraient changer. Mais pour que ça change, il faut avoir une grande distanciation et du courage, alors c’est pour quand la révolte d’Avignon ?  

Alan Bic

 

Le harcèlement sexuel, c’est éminemment pédagogique !

Il existe un rapport d’information du Sénat du 27 juin 2013 sur les comportements sexistes dans les Écoles d’art. Sachez qu’il existe en réponse à ces allégations du Sénat, un communique outragé de l’ANdEA (Association nationale des Écoles d’art). Sachez que ces pratiques sont généralement courantes dans d’autres écoles d’art où aucun contrôle n’est vraiment opérant comme cela peut l’être dans l’Éducation Nationale. D’ailleurs, un professeur ou un directeur (de l’ÉN) ne se permettrait pas d’agir comme le font ces petits barons (et baronnes) dans le cadre de ces écoles d’art où certains personnels malfaisants (attention, il faut rappeler que c’est encore l’exception qui empoisonne l’existence de la majorité) car la hiérarchie administrative et la tutelle politique hésitent à intervenir dans le domaine de la culture de crainte d’être taxé de réactionnaire. On m’a relaté des pratiques douteuses à l’école de …. et je suis informé (par celles et ceux qui en souffrent dont certain(e) s sont mes ami(e) s) de cas de harcèlements, de plaintes, etc. à l’école municipale de …. qui semble être tenue par un clan tournant autour de la direction.

Elle aime la saucisse et la « conférence performée »

À Pougues-les-Eaux, il y a un établissement thermal et le casino qui va avec, mais il y a aussi le Centre d’Art Contemporain qui accueille en cure de trois mois de jeunes artistes en mal d’émergence sur la scène artistique internationale. Ces futures stars du marché mondial doivent intervenir dans les écoles alentour en contrepartie de leur frais de résidence… Ainsi, les élèves du collège Cassin ont-ils pu, avec la jeune artiste S. B., «  s’interroger sur le statut d’une œuvre d’art et sur la place de l’artiste dans la société » … « Ils ont ensuite choisi un objet personnel support de travail de l’artiste. Allongée sur un matelas, S. B.  leur a proposé une conférence performée sur le thème de « j’aime la saucisse »…

Bon, je ne sais pas quelles sont les vertus thérapeutiques de l’eau de Pougues, et si par hasard, pétillante ou non, elle serait indiquée pour guérir de la crétinerie … mais je pense que, quoi il en soit, il serait bon que tous les individus de la chaine des décisions ayant abouti à cette « conférence performée sur l’amour de la saucisse » soient condamnés à en boire trois litre par jour pendant trois mois…et interdits de saucisse pendant le même temps…

 

Au secours ! Planquez vos mômes ! l’art contemporain va entrer dans les écoles et les collèges

Voici le texte du communiqué de presse qu’Aurélie (Filippetti) vient de m’envoyer :

« Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale, et Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, signent ce vendredi 27 septembre, à Toulouse, une convention-cadre nationale avec l’Association des régions de France et le Centre national de documentation pédagogique, en présence de l’association Platform (asso des FRAC). Cette signature de convention intervient alors que sont célébrés les 30 ans des Fonds régionaux d’art contemporain (Frac), et que le développement de l’éducation artistique et culturelle en faveur de tous les élèves est une priorité gouvernementale.

Cette convention lance l’opération «un établissement, une œuvre » et a pour objectif de sensibiliser à l’art contemporain les élèves qui en sont souvent plus éloignés, en exposant, au sein des écoles et collèges, des œuvres d’art issues des Fonds régionaux d’art contemporain (Frac). Le projet pour l’année 2013-2014 consiste à lancer l’opération dans autant de collèges que possible en privilégiant les établissements situés en zone d’éducation prioritaire et les zones rurales isolées.»

 

En voilà donc une idée qu’elle est bonne et généreuse, de la part de notre gentille et très ingénue Aurélie Filippetti, de faire profiter les enfants ruraux et ceux des classes sociales inférieures, de cette esthétique des classes urbaines et supérieures, que l’ont peut trouver dans les FRAC…et puis donner un alibi démocratique ou une caution populaire à cet art qui est plutôt celui des aristos de la culture, des milliardaires incultes et des spéculateurs de tous poils.

Quoi qu’il en soit, l’expérience risque d’être intéressante et édifiante. Ce sera un test, cette confrontation de nos gentils bambins avec ces machins invraisemblables, parfois pourris ou déglingués, inaccrochables aux murs, irregardables, terrifiants souvent… Je prévois déjà les hurlements des mômes et les plaintes des parents. À suivre donc.

(Une expérience du même type avait été tentée il y a une dizaine d’années par un groupe de parlementaires qui avaient été visiter les réserves de tel FRAC ou du FNAC, pour trouver des œuvres afin de décorer des nouveaux locaux, et qui n’avaient pas pu trouver une seule œuvre montrable et accrochable… Il y en avait eu quelques-unes, mais elles étaient déjà prises).

 

L’atelier du bien mal-faire, pour une initiation à l’art contemporain en milieu scolaire

 Au cours de trois journées passées à travailler aux côtés de J.B. (future star de l’art international), les élèves du collège Ronsard de Poitiers (tout proche du lycée Daniel Buren : ceci expliquant cela peut-être) et d’une école élémentaire de Saint-Savin-sur-Gartempe (ville des fameuses fresques romanes), ont transformé quelques pratiques condamnables en productions plastiques très contemporaines.

Ainsi, à l’atelier Bien Mal Faire, on a fait d’une bataille de papier toilette un tableau comme les murs de tomates écrasées de Michel Blazy… On a mâché du chewing-gum pour l’utiliser comme mastic pour les fenêtres mal isolées comme Buraglio… On a arraché toutes les feuilles d’un arbre pour réaliser un herbier géant comme Hybert… On a fait des petites araignées de Louise Bourgeois avec des crottes de nez… On a attrapé les chats du quartier pour les jeter en l’air comme Yan Fabre… On a écrasé des mouches sur une feuille de papier comme Damien Hirst… On a cramé les poubelles de l’établissement comme Conchita Molinero… On s’est tailladé la figure au cutter comme Orlan… On a attrapé des grenouilles pour les plonger crucifiées dans son pipi comme Serrano… On a fait caca dans des boites de conserve comme Manzoni… Enfin bref, on a bien rigolé, dans une effervescence créative du meilleur aloi.

Et c’est ainsi que les élèves ont compris que le mal-faire pouvait être bien ; que la transgression était créative, etc. C’est bête comme chou dans le principe, mais il fallait y penser et J.B. , jeune schtroumpf  émergent formaté pour  la scène internationale, a su opportunément déposer un bon dossier là-dessus à la DRAC et auprès de Monsieur l’inspecteur Départemental de l’Éducation nationale, dont la belle-sœur  a trouvé ça génial.

Je vous joins l’image d’une autre œuvre caractéristique du J.B., où l’on voit des pigeons écrasés dans un caniveau… Sur son site on peut découvrir une liste longue comme le bras de performances dans le même ordre du désenchantement sociétal et du foutage de gueule même pas drôle, éparpillées dans une cinquantaine de petits lieux d’art subventionnés de province… à ambition internationale bien évidemment.

 

Le méta-atelier dialogique

C’est nouveau, ça vient de sortir, et ça se passe à l’école des Beaux-Arts d’Aix-en-Provence, où il existe déjà des méta-profs pour fabriquer des méta-artistes méta-émergents… Et voilà ce qu’on peut lire sur le site de cette méta-école :

« Si le méta-atelier fait passerelle avec les diverses disciplines proposées au sein de l’école supérieure d’art d’Aix-en-Provence  il n’en est pas moins spécifique dans son mode de fonctionnement : il est à la fois atelier et séminaire  laboratoire et plateforme de production où les objets sont à traiter sur le long terme (deux ans minimum pour intégrer recherches, expérimentations, réalisations, manifestations).

Spécifique aussi car il poursuit le questionnement dialogique entre statut de l’artiste, activité, mais aussi moyen de production et mode de diffusion… Et ceci à partir d’expériences concrètes menées tant au sein de l’école que dans le milieu de l’art, que dans d’autres contextes, afin d’aider les étudiants à comprendre que le champ de l’art et de la culture ne sont pas « ce que l’on croit » (une simple piété envers l’art) mais bien ce que l’on en fait ! Pour y agir, voire pour en modifier le jeu : il faut en connaître les règles ! Cela relève évidemment d’une éthique, d’un art de faire, d’un « art de vivre », d’une métapolitique et de leurs malentendus. » Méta-stupéfiant !

Site web de l'auteur

http://www.schtroumpf-emergent.com/blog

La Presse en Parle

Revue de presse du livre La Bouffonnerie de l’Art Contemporain par le journal La Baule +, juillet 2015

Revue de presse du livre La Bouffonnerie de l’Art Contemporain par le journal Famille Chrétienne, 29 août 2015