Curiosités maçonniques

Pierre Mollier

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Collection : Auteur : Pages: 192 ISBN: 9782865532568

Description

Même les institutions les mieux établies cachent toujours quelques Curiosités. Derrière le pittoresque de ces anecdotes, nos Curiosités Maçonniques dévoilent souvent des aspects de la franc-maçonnerie laissés dans l’ombre par une approche plus classique. Le sourire est la ponctuation d’instants de lucidité !

Depuis Borgès et Umberto Eco, on sait que les bibliothèques, loin d’être synonymes de recherches arides et d’ennui, recèlent aussi leur part de mystères. Enquêter sur la chaîne des propriétaires d’un manuscrit rare, décoder un ex-libris énigmatique, découvrir une référence inattendue… C’est à ces aventures que nos histoires convient le lecteur.

Ces enquêtes dans les archives des loges sont aussi des nouvelles romanesques et des contes édifiants pleins d’enseignements pour qui cherche à mieux comprendre « le secret » de la franc-maçonnerie.

Nombreuses illustrations in-texte

Disponible en vente par correspondance chez l’éditeur, ou à la librairie du Camée, 70 rue St André des Arts, 75006 Paris, du lundi au vendredi de 11h à 18h. tel. 0143262170

Vous y trouverez un fonds exceptionnel de livres anciens et modernes sur les Arts et Métiers, l’art décoratif et les techniques anciennes de l’artisanat.

www.librairieducamee.com

Informations complémentaires

Poids0.3 kg
Dimensions22 × 15.5 × 1.6 cm

Sommaire

Table des matières

Avant-propos

Préface de Jean-Pierre Lasalle

  1. Une « épigraphe » maçonnique à Marseille au XVIIIesiècle ?
  2. Harpocrate en Occitanie : une planche de la Loge écossaise de Toulouse en 1744

III. Le « crime le plus atroce », l’affaire Pincemaille ou les secrets des hauts grades imprimés et vendus aux profanes

  1. Statuts & règlements du Très Auguste et Très Aimable Ordre du – bon ! – Moment
  2. Les Philalèthes: la bibliothèque est un Temple…
  3. Collection et initiation : les 120 rituels du Frère Gaborria

VII. Notes fugaces arrachées au passé sur le cas regrettable mai avéré d’un gradomane.

VIII. Des livres et des Rites… une quête maçonnique – et bibliophilique – sous l’Empire : la correspondance Thory-Geille sur les débuts du Rite Écossais Ancien Accepté.

  1. Quand un antimaçon devient un excellent Frère: le chemin de Damas maçonnique de Charles-Louis Cadet de Gassicourt.
  2. De la Maçonnerie symbolique à la République universelle : une dénonciation de la franc-maçonnerie au ministre de l’Intérieur (1822)
  3. « Une secte voluptueuse et religieuse » :Fourier, les fouriéristes et la franc-maçonnerie

XII. Où l’innocente manie de la bibliophilie maçonnique révèle l’existence d’une bibliothèque secrète réunie jadis par un adepte oublié

XIII. De l’héraldique maçonnique

XIV. Le blason hermétique du Rit Écossais Philosophique

  1. Jetons et médailles : la numismatique maçonnique

XVI. Une « Légion d’honneur » maçonnique, l’ordre des Chevaliers défenseurs de la Maçonnerie et un illustre récipiendaire

XVII. Les ex-libris maçonniques : « blasons de l’esprit »

Extrait

Chapitre IV 

Statuts et cérémonies du très auguste et très aimable

Ordre du – bon !– Moment

 Quand vient l’été, Maçonnes et Maçons suspendent leurs austères études initiatiques pour profiter des avantages d’une nature bienveillante. Perspective heureusement régulière qui donne l’occasion de se plonger dans l’histoire du très éminent et très singulier Ordre du Moment. En effet, au XVIIIe siècle, la franc-maçonnerie a inspiré de nombreuses sociétés – certaines sérieuses, d’autres moins ! –  qui ont en partie repris sa forme d’organisation, ses rituels, ses titres… en leur apportant néanmoins quelques modifications en fonction de leur objet… particulier. Dans une volumineuse étude, Arthur Dinaux a proposé un impressionnant inventaire de près de 500 « sociétés badines, bachiques, littéraires et chantantes ». Un certain nombre comme l’Ordre de la Cognée, des Mopses, ou de la Félicité sont d’ailleurs bien connus des historiens de la franc-maçonnerie avec laquelle ces ordres entretenaient des relations étroites. Mais on peut encore en découvrir. Nous avons ainsi eu le bonheur de mettre la main sur un curieux petit recueil consacré à un « Ordre du Moment », ignoré de Dinaux.

L’Ordre du Moment n’est plus aujourd’hui connu que par une très rare plaquette probablement publiée un peu avant 1770. Non seulement Dinaux, en dépit de ses années de recherche, ne l’avait pas découverte, mais, aujourd’hui, le catalogue de la Bibliothèque nationale de France l’ignore. Ce petit volume présente une description de la médaille de l’Ordre, ses statuts, son rituel (instruction, réception, ordre des cérémonies, serment), une liste des 39 Chevalières et Chevaliers reçus dans l’Ordre… et des chansons. L’ouvrage est élégamment imprimé avec une encre couleur de miel (d’acacia ?). Sur notre exemplaire, la liste des membres a été complétée à la main jusqu’en 1776.

Conformément à la tradition, l’instruction résume l’objet principal de l’initiation :

  1. : A quoi reconnaît-on un vrai Chevalier ou une vraie Chevalière ?
  2. : A leur vivacité pour le plaisir […].
  3. : Qu’est-ce que le moment ?
  4. : Tout ou rien selon l’usage qu’on en fait faire.
  5. : Comment vient-il ?
  6. : Le caprice le décide, le plaisir lui donne l’existence.
  7. : Qu’est-ce qu’une assemblée complète ?
  8. : Le nombre n’y fait rien, il faut juste qu’il s’y trouve autant de Chevalières que de Chevaliers […].
  9. : Que signifie la lumière que l’on éteint à la réception ?
  10. : Elle avertit le Récipiendaire que lorsque le moment est venu, tout est dit.

Lors de la réception, on tourmente la candidate, ou le candidat, en lui posant très directement la question : « Vous êtes vous déjà opposé aux plaisirs des autres ? Les avez-vous troublés ? ». Et, le ou la récipiendaire promettant de ne plus jamais agir de la sorte, la cérémonie continue. L’enseignement de l’Ordre, hautement initiatique, tient en une devise : « N’ayez jamais à vous reprocher de ne pas avoir saisi Le Moment ». L’article III des statuts précise d’ailleurs que : « Quand une Chevalière rencontrera un Chevalier, si le moment ne lui permettait pas de s’arrêter auprès d’elle, elle lui rappellera fraternellement ses devoirs ». Mais la décence reprend ses droits puisque quand un membre se marie, le nouveau conjoint est agrégé de droit et « le secret de l’Ordre doit se perdre dans le sein de l’époux ou de l’épouse » (art. IX).

Les textes fondateurs de l’Ordre furent promulgués par la Grande Maîtresse, la marquise de la Maisonfort, le 20 mai 1766 à Brest. On y découvre la bonne société aristocratique du grand port breton avec une forte présence de la marine. Le Grand Maître est en effet le chevalier Desroches (François Julien du Dresnay, 1719-1786), major de la marine, et on compte parmi les premiers récipiendaires l’intendant du port, le baron Clugny des Nuits (1729-1776) et le commandant de la place, le comte de Roquefeuille (1714-1782). L’Ordre tint ses travaux et fit des réceptions selon les lieux de villégiature de la Grande Maîtresse. Ainsi la liste manuscrite des réceptions nous apprend la tenue d’une « Loge au château de Saint-Amand le 12 octobre 1773 » et d’« une loge à Paris chez Mme de Saint-Amand » en février 1774, à Sancerre en 1775 et, bien sûr, au château de la Maisonfort en juillet 1776.

 

 

Les Sociétés badines bachiques, littéraires et chantantes : leur histoire et leurs travaux, ouvrage posthume revu et classé par Gustave Brunet, Paris, Bachelin-Deflorenne, 1867, 2 vol.