La Chine vient d’annoncer que son prototype de réacteur au thorium à sels fondus sera fini au mois de septembre et testé prochainement. Des réacteurs nucléaires de série au thorium sont prévus pour début 2030. Si son programme est une réussite, le dragon chinois aura touché le Graal : mettre en fonctionnement un réacteur nucléaire très sûr, plus simple, et moins cher. Les milliardaires américains Warren Buffett et Bill Gates sont aussi engagés dans un projet américain de réacteur à sel fondu, crédibilisant cette démarche.
Les réacteurs au sel fondu ont l’avantage de ne pas comprendre de vapeur à haute pression forcément dangereuse en cas de rupture de canalisation, les rendant plus sûr et moins cher. Utiliser le thorium comme combustible dans une centrale nucléaire, revient qui plus est à faire un feu de « bois mouillé » ; le thorium n’est pas fissile, il faut le transformer en uranium 233 en lui envoyant des neutrons pour qu’il devienne un combustible nucléaire. En cas de catastrophes naturelles, de rupture d’approvisionnement en eau ou électricité, le réacteur s’arrête et refroidit automatiquement grâce à ses caractéristiques propres. Le risque d’accident majeur est théoriquement réduit à zéro. Qui plus est, les réacteurs au thorium permettent de brûler et donc de recycler les déchets nucléaires existants.
C’est donc le Graal du nucléaire que la Chine est en train d’atteindre quand la France a dangereusement laissé de côté la recherche dans cette technologie.
La France doit pourtant commencer à remplacer sur une période assez courte ses centrales nucléaires d’ici à une dizaine d’années. Sinon elle se retrouvera en manque d’électricité quand ses anciennes centrales fermeront. Le remplacement de ces centrales par des centrales au thorium fabriquées en France serait une excellente nouvelle. Des réacteurs très sûrs, moins chers et simples à fabriquer avec un combustible thorium abondant et disponible. Mieux, suite à l’exploitation de mines en France, notre pays dispose d’un stock de 8500 tonnes de thorium qui permettent de produire 200 fois la quantité d’électricité produite en France en 2020. Le thorium est d’ailleurs présent sur la planète en quantités beaucoup plus importantes que l’uranium.
Ne plus utiliser d’énergies fossiles dans 20 ans devient une possibilité riche de promesses : la promesse de produire de l’énergie avec des emplois français sur notre sol, la promesse de ne plus dépendre de pays producteurs de pétrole instables, la promesse de ne plus émettre de CO2.
Cette énergie, cette électricité permettant de remplacer les énergies fossiles peut provenir des énergies renouvelables et des réacteurs au thorium. Elle alimentera directement les moteurs électriques ou sera transformée dans des électrolyseurs en hydrogène, l’essence de demain, qui alimentera les moteurs à pile à combustible de nos avions, bateaux, trains et voiture à hydrogène de demain. On rappelle qu’Alstom produit déjà un train à hydrogène qui remplace très avantageusement les trains diesel sur les lignes non électrifiées de France.
Produire localement toute l’énergie nécessaire à la France au lieu de l’importer à coup de dizaines de milliards d’euros, créer des centaines de milliers d’emplois, contrer le dérèglement climatique, offrir un projet enthousiasmant à notre jeunesse est bien à portée de mains. Il ne manque aux gouvernants français qu’une vision stratégique de long terme et la volonté politique d’engager véritablement ce grand projet pour que ce rêve devienne réalité.