Je dois l’avouer, j’ai un faible pour Boris Johnson (BOJO) et pour une raison très simple: il est tout ce que j’aime chez les Anglais. Le personnage est foutraque, désorganisé, extrêmement cultivé, absolument convaincu d’être absolument unique et totalement imprévisible, ce qui fait que tous ceux qui, eux, sont complétement prévisibles le méprisent autant que Rommel méprisait Montgomery ou Napoléon les « boutiquiers anglais ». Et chacun doit se souvenir ici de qui a gagné en fin de parcours… Car, comme d’habitude, le désorganisé vient d‘infliger aux forces prévisibles de la réaction une défaite en rase campagne, tant celles-ci-ci ne s’attendaient pas à le voir apparaître là où il est, un peu comme les troupes autrichiennes au matin de la bataille d’Austerlitz quand elles ont vu les troupes de Napoléon se pointer là où elles ne les attendaient pas.
Bien sûr, je peux me tromper tant cette histoire est compliquée et après tout je ne suis pas un juriste spécialiste du Droit anglais, et cela ne serait pas la première fois que cela m’arriverait, mais je veux expliquer quand même comment Boris a peut-être roulé dans la farine tous ses opposants, tant je trouverais l’histoire amusante si par hasard j’avais raison.
Commençons par un rappel.
En trois mois, BoJo (Boris Johnson) a obtenu plus de résultats que Madame May en trois ans.
- D’abord il a obtenu la réouverture de vraies négociations. Jusqu’à son arrivée, la thèse de Juncker et autres Barnier était simple : les accords signés par Madame May étaient les meilleurs possibles et rien ne devait changer. En un rien de temps, il a fait sauter ce verrou.
- Ensuite il a fait disparaître le cadre des négociations accepté par Mrs. May, le fameux back stop. Grosso modo, la Grande-Bretagne avait accepté de rester dans l’Union douanière, de continuer à payer sa quote-part au budget européen tout en n’ayant plus aucune participation à la prise de décisions par les autorités de Bruxelles et en restant sous le joug des Cours européennes de Justice. Il s’agissait d’une capitulation en bonne et due forme et en aucun cas d’un Brexit. Tout cela a été abandonné.
- Dans le nouvel accord accepté par les Européens, l’île comprenant l’Angleterre, le pays de Galles et l’Ecosse sort définitivement de l’Union Européenne et retrouve sa totale souveraineté juridique, ce qui est essentiel. En plus de retrouver sa souveraineté juridique, la Grande-Bretagne sort complètement aussi de la zone douanière européenne et retrouve sa liberté de signer des accords commerciaux avec qui elle veut et quand elle veut. Nous avons donc affaire à un VRAI Brexit.
- Pour L’Irlande du Nord, elle doit se conformer aux accords du Vendredi Saint ayant mis fin à la guerre civile en Ulster. Or cet accord prévoit qu’il ne peut pas y avoir de contrôle des marchandises ou des personnes entre les deux Irlande… Une solution compliquée a été trouvée qui sauvegarde les intérêts de l’Ulster puisque le Parlement de l’Irlande du Nord pourra remettre en cause ces accords une fois tous les quatre ans, si ce Parlement le souhaite.
En contrepartie, la Grande-Bretagne s’engage à payer les 39 milliards de sterling réclamés (sans aucune justification) par les Européens, à ne pas se livrer a un dumping social, monétaire, écologique ou fiscal contre les autres pays européens et à organiser la sortie de la Grande-Bretagne de l’Europe au travers d‘un processus un peu plus lent que ce qui était prévu au départ.
- La conclusion est simple : l’accord de madame May n’avait rien à voir avec un Brexit.
- L’accord négocié par BOJO et accepté par les Européens est un Brexit en bonne et due forme et n’a strictement rien à voir avec ce qui avait été signé auparavant.
Reste à le faire passer devant le Parlement Britannique, où 75 % des parlementaires avaient voté CONTRE le Brexit, ce qui n’est pas une mince affaire.
Et c’est là où cela devient amusant. Les « remainers », c’est-à-dire ceux qui étaient contre le Brexit, pour empêcher BOJO de « jouer la montre » avaient fait passer une loi qui précisait que si le Parlement refusait de voter en faveur du projet de BOJO, alors le premier ministre en place DEVAIT demander une prolongation d’au moins trois mois pour que les négociations puissent continuer, et pour se faire DEVAIT envoyer une lettre à la Commission demandant une prolongation jusqu’au 31 janvier 2020. L’idée des partisans du maintien en Europe étant bien sûr que, de refus en refus, les électeurs se lasseraient peut-être et que le Brexit finirait par ne pas avoir lieu.
Le Parlement ayant collé un amendement qui valait refus au projet de Brexit qui vient d’être présenté aux députés à Londres, BOJO a donc rédigé la lettre comme il s’y était engagé, mais a refusé de la signer, et y a joint une autre lettre, signée celle-ci, demandant à ses partenaires du continent d’expliquer aux parlementaires britanniques qu’il n’y a plus rien à négocier et que c’était à prendre ou à laisser.
- Ce qui met les européens dans une situation difficile puisque dans la Déclaration européenne des Droits de l’Homme, dont la Grande-Bretagne est signataire, il y a un article qui prévoit que si un chef de gouvernement est forcé de signer contre ses convictions un traité, alors ce traité est nul et non avenu. Ce qui est exactement le cas de la Loi forçant BOJO à écrire sa lettre.
- Et ce qui met surtout les « remainers » dans une situation impossible. En effet, le seul choix qui leur reste est soit de voter pour le plan de BOJO, soit de refuser de voter pour ce plan, et dans ce cas de figure, comme il est déjà trop tard pour changer de Premier Ministre ou pour dissoudre le Parlement, nous aurions une sortie de la Grande-Bretagne sans aucun accord le 31 octobre au soir.
Et donc le choix est simple : ou tous les salopiaux qui s’opposaient à la volonté populaire en utilisant artifice de procédure après artifice de procédure votent pour le Brexit de BOJO, ou bien alors la Grande-Bretagne sort sans aucun accord.
Pour être clair, BOJO leur dit : « La maison est en feu, vous préférez sauter du dixième ou du vingtième étage ? » En connaissant un certain nombre, je n’ai aucun mal à imaginer leur rage à l’idée de s’être fait piéger comme des rats par quelqu’un qu’ils méprisent, car ces gens-là méprisent tous ceux qui aiment leur pays et qui, par définition, ne peuvent être que des imbéciles faciles à tromper.
Tout cela est tellement bien ficelé que j’en suis à me demander si BOJO dont la majorité ne tenait que grâce aux dix députés « DUP » de l’Irlande du Nord, n’aurait pas demandé par hasard à ces braves gens de voter CONTRE son gouvernement lors du dernier vote pour que les termes du choix soient aussi clairs que possibles : ou mon accord, ou pas d’accord du tout, ce qui serait encore préférable. Car après tout je suis bien persuadé que BOJO en son for intérieur ne verrait aucun mal à une sortie sans accord qui lui permettrait d’économiser 39 milliards de sterling, ce qui n’est pas rien. Et si une sortie brutale devait se produire, ce ne serait pas, hélas, de son fait, mais bien à cause des « remainers » qui ont amené à la catastrophe d’une sortie sans accord en tombant dans les pièges qu’ils avaient creusé pour ce pauvre Boris…
Ce qui m’amène à mon souci principal souci habituel : Comment gagner de l’argent sans travailler ?
La réponse est simple. Le temps est venu de surreprésenter la Grande-Bretagne dans les portefeuilles en vendant par exemple l’Allemagne, quoique je doute que beaucoup de lecteurs de l’IDL aient la moindre action allemande.
Pour être bref, cela fait deux ans que la bourse dit de vendre l’Allemagne et d’acheter la Grande-Bretagne, le plus bas relatif ayant été atteint en novembre 2017, mais il n’est pas trop tard puisque nous sommes encore à plus d’un écart type de la moyenne historique de la relation, la bourse britannique étant de 20 % sous-évaluée par rapport à la bourse allemande.
Et ce qui est vrai de l’Allemagne est vrai des autres pays de la zone Euro. Ayez votre cash en sterling et vos actions en sociétés domestiques anglaises, mais continuez a éviter les banques, et si vous le pouvez, le moment est venu d’acheter de l’immobilier à Londres.