par Charles Gave
NDA : Au moment où j’écris ces lignes, j’apprends la victoire de la Droite en Tchéquie. Voila qui ne fait que renforcer la thèse que je développe ci-dessous.
Nous venons d’avoir des élections en Autriche où la Droite l’a emporté de façon écrasante et bien entendu la presse française nous a ressorti sa bouillie habituelle : le fascisme, voir le nazisme était de retour, la bête immonde dont le ventre était encore fécond refaisait son apparition mais heureusement l’Europe était là qui allait intervenir pour que tout cela ne finisse pas trop mal… et que sais je encore. De toute façon, continuent nos journalistes, l’Autriche est un petit pays et la seule chose qui compte ce sont les négociations entre les « grands » c’est-à-dire la France éternelle, représentée par notre Jupiter national et l’Allemagne impériale sous la direction de madame Merkel.
Pour remettre ces flagorneries en perspective, rappelons que Madame Merkel a subi une défaite historique lors des élections Outre Rhin, et que les seuls qui font semblant de prendre au sérieux monsieur Macron sont les hommes de Davos et leurs stipendiés dans nos media. Ce qu’il y a de merveilleux avec nos journalistes c’est d’abord à quel point ils sont prévisibles, ressortant à tout propos la grille de lecture qui leur a été imposée depuis les années Mitterrand par la gauche « intellectuelle », c’est-à-dire celle ne voyant de danger pour la démocratie que dans le catholicisme, mais aussi, comme ils sont historiquement ignares, on les voit incapables de décrire des bouleversements politiques ou géopolitiques qui se passent sous leurs yeux et auxquels ils ne comprennent rien.
Le lecteur devrait quand même se rendre compte qu’après 15 ans de crises et de mensonges d’une Europe menée par les Oints Du Seigneur et autres hommes de Davos que le couple franco-allemand n’a été jamais aussi faible et avec un prestige aussi entamé, et que jamais l’Europe n a été aussi divisée et de façon irréparable. J’en veux pour preuve les élections autrichiennes et maintenant les élections tchèques. Qu’annoncent- elles ?
Tout simplement la résurrection de l’Autriche-Hongrie (catholique) assassinée par la France (radicale) grâce au traité de Versailles en 1919.
Revenons à l’Autriche-Hongrie historique, celle d’avant 1919. Quelle était son rôle dans l’Europe d’alors ?
La réponse est simple : elle n’avait pas un rôle mais deux.
- Fédérer toutes les petites nationalités d’Europe centrale pour les protéger soit des Russes soit des Allemands, soit le plus souvent des deux à la fois.
- Protéger l’Europe contre l’envahissement des Turcs. Si Vienne tombait, l’Italie tombait et avec elle Rome, centre de la Chrétienté.
Arrive le traité de Versailles et le démantèlement de l’Autriche-Hongrie, le rêve des diplomates français depuis Richelieu qui donc n’avaient que quelques siècles de retard en ce cas d’espèce, ce qui est peu pour le Quai d’Orsay.
Résultat ? Chacune des nations dans l’Est de l’Europe tombe d’abord sous la dictature Hitlérienne avant que de passer sous la dictature communiste. Et après Hitler, ils se tapent Staline sans que les Européens disent un mot ou ne fassent un geste (Bien entendu, nous ne ferons rien…).
Arrive la chute du mur de Berlin.
Les Nations de l’Est retrouvent leur indépendance et se précipitent vers l’Europe, persuadées qu’elles étaient que cela garantirait leur souveraineté. Voila qui se vérifia pendant quelques années, mais elles déchantèrent assez vite. Depuis l’arrivée du traité de Lisbonne et de ses abandons de souveraineté divers et variés, le jeu a changé. En fait, l’Europe telle qu’elle se bâtit à Bruxelles est devenue la principale menace pesant sur la souveraineté de ces pays. Et tous ces pays qui ont retrouvé leur liberté il y a à peine trente ans n’ont aucune, mais aucune envie de la voir disparaitre et d’être gouvernés à nouveau par des gens non élus. Ils ont déjà donné…
Certes ces technocrates sont à Bruxelles plutôt qu’à Moscou, mais non élus et non virables ils resteront. Voila qui leur rappelle de fort mauvais souvenirs. Et, depuis le traité de Lisbonne, les partis pro européens se ramassent claque sur claque en Pologne, en Hongrie, en Autriche et aux dernières nouvelles en Tchéquie, le bon élève de la classe. Mais la coupe a vraiment débordé lors de la crise créée de toutes piéces par madame Merkel invitant tous les immigrés du monde entier à se précipiter en Allemagne et en Europe, ce qu’elle annonça sans aucune consultation et sans demander l’avis d’un seul autre pays Européen. Avoir un gouvernant allemand qui prend des décisions affectant l’ensemble du continent européen sans demander l’avis de quiconque, voila qui a du rappeler à tous ces pays de fort mauvais souvenirs.
Et du coup, ces pays ont créé un « sous- ensemble » qu’ils ont appelé le « groupe de Visegrad « qui comprend la Tchéquie, la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie.
Imaginons que l’Autriche les rejoigne et hop revoilà l’Autriche Hongrie renaissant de ses cendres (que le lecteur regarde une carte), ce qui va bouleverser le paysage diplomatique un peu comme la chute du mur de Berlin l’a fait.
Rappelons quels étaient les objectifs de la diplomatie de l’ancienne Autriche-Hongrie.
- Se protéger, et de ce fait protéger l’Europe, contre une invasion des Turcs. Remplacer Turc par Immigré et voila qui explique la quasi-totalité des votes en Hongrie, en Pologne, en Tchéquie, en Autriche s’opposant au monopole sur le contrôle de l’immigration que s’est arrogé Bruxelles sans que personne ne lui en ait jamais donné le pouvoir de façon démocratique. Et tous de rappeler que l’Europe est chrétienne et qu’elle s’est constituée en partie au moins en se battant contre les musulmans. Quelque part, ces pays nous rappellent que le devoir de mémoire existe et que Turcs et Musulmans ont commis de bien grands crimes pendant des siècles en Europe, sans que s’ils s’en soient jamais excusés…
- Se protéger contre les grandes puissances qui les cernaient et qui avait une tendance certaine à piétiner à la moindre occasion leurs libertés, en se souvenant que la Prusse était Protestante et la Russie Orthodoxe, ce qui ne plaisait guère à toute cette région majoritairement Catholique. Une petite anecdote à ce sujet. Lors de son premier voyage en France, Jean- Paul II demanda à voir Robert d’Autriche (le frère d’Otto, héritier de la couronne des Habsbourg) qui y vivait. Robert accepta bien sur et rendit visite au Pape. Jean Paul II voulait simplement lui remettre le sabre d’officier de son père qui avait servi dans l’armée autrichienne pendant la Première Guerre mondiale. Voila qui en dit long… Tous ces pays sont donc vent debout contre le coup d’État organisé à Bruxelles depuis la chute du mur de Berlin, non seulement contre leur souveraineté mais aussi contre leur identité dont ils aiment à rappeler qu’elle est en grande partie Catholique.
En termes pratiques qu’est que cela veut dire ?
- Tout d’abord que les élections autrichiennes et Tchèques sont un DÉSASTRE pour Bruxelles et pour la Commission. Il parait inévitable que ce monstre juridique ne rendant de compte à personne et mené par 27 individus que personne n’a élus et que personne ne peut virer va repasser sous le contrôle des Etats souverains d’une façon ou d’une autre.
- Le mythe d’un Droit européen s’appliquant à tout le monde « de façon impériale, impérieuse et sans appel » va voler en éclats, puisque tous ces pays vont exiger que la souveraineté nationale soit seule légitime puisque elle seule repose sur le vote. Il n’y aucune légitimité dans un «projet historique» qui serait inéluctable comme l’ont montré le Reich de mille ans d’Hitler ou le cauchemar marxiste de l’URSS. Le projet européen de l’inévitable émergence d’une nation européenne est du même acabit et subira le même sort. Voici donc que se dessine enfin la fin d’un gouvernement des juges et des technocrates, aussi odieux que non démocratique.
- La vision du monde soutenue par les hommes de Davos et les Oints du Seigneur qui refusent l’idée même de Patrie et de Religion comme ciments de la volonté de « VIVRE ENSEMBLE » et qui haïssait les peuples européens au point même de vouloir procéder à leurs remplacements est en train de s’écrouler un peu comme l’URSS l’a fait avant elle. Nous arrivons peut-être à la fin de la pensée unique qui après tout n’est rien d’autre qu’une absence assez remarquable de pensée.
- En gros, l’Europe des Nations est de retour et c’est bien sur le moment qu’a choisi la France, dont les élites sont toujours en retard d’une guerre pour élire (mais assez mal) un fanatique de la Nation Europe qui n’a jamais existé que dans leurs cerveaux embrumés de premier de la classe.
- Si l’idée même de Nation Européenne a pris un coup mortel, comme je le crois, alors, à quoi peut bien servir l’Euro qui après tout était le premier pas vers cette nation ? L’Euro a toujours été une solution à la recherche d’un problème. Aujourd’hui, il n’a plus de raison d’être puisque l’Etat européen n’existera jamais, mais il reste bien sur le principal obstacle au retour de la démocratie en Europe …
Pour terminer sur une note financière, ce qui est mon péché mignon, je verrai bien les lecteurs de l’IDL se constituer un portefeuille « Empire Austro Hongrois », dont le futur apparait brillant, et j’y mettrais les indices hongrois, autrichien, tchèque, polonais …
Et je me suis amusé à en calculer la performance depuis cinq ans …
Depuis le coup mortel porté par le Brexit à la Commission, il s’est plutôt bien comporté, ce qui n’étonnera que ceux qui lisent le FT ou le Monde.
Le génie a l’air d’être sorti de la bouteille. Allez François-Joseph !