Avant- propos.
Je me rends compte que cette analyse est loin d’être pessimiste, et j’en suis le premier surpris. Comme d’habitude, j’ai laissé mon cerveau se balader librement, et il est le seul responsable du résultat.
Nous sommes loin d’être sortis de la crise du Covid, mais on peut déjà esquisser les lignes de force des changements qu’elle va amener dans nos vies. Je vais donc essayer de décrire les bouleversements que cette crise va entraîner d’abord dans les domaines philosophique et politique, puis dans les domaines de l’économie, de la monnaie, du travail, de la vie de tous les jours…
Commençons par le domaine philosophique
Chacun a pu voir que quand les choses se mettent à vraiment chauffer, les organisations internationales du type de l’Europe ou de l’OMS ne servent à rien, et qu’en cas de difficultés sérieuses, tout retourne aux États nationaux pour la simple raison qu’ils sont légitimes quand ils exercent leur monopole de la violence légale. Voilà qui ramène sur le devant de la scène la Nation et son bras armé, l’Etat, comme seules organisations où la protection du citoyen peut avoir lieu et qui donc porte un coup mortel à des chimères comme l’État « fédéral » européen ou le gouvernement mondial.
Cela veut dire en termes concrets que philosophiquement défendre et l’Identité Nationale et la Souveraineté redevient le principal boulot des élus, ce qui va avoir des conséquences sur ce que j’ai souvent appelé dans ces lignes : « Le Logos dominant » : à toutes les époques, la classe au pouvoir essaie de contrôler les mots que tout un chacun peut ou ne peut pas utiliser. Jusqu’à tout récemment, tous ceux qui dans une conversation, même banale, se servaient de mots comme histoire, identité nationale, patriotisme, armée, devoir, honneur… étaient impitoyablement rejetés comme ringards fascisants. Voilà qui est fini. Pour utiliser mon jargon habituel, les jours des Oints du Seigneur (ODS) et autres hommes de Davos sont comptés. Le monde du futur appartient aux souverainistes, et ce basculement ne fait que commencer et aura des conséquences politiques gigantesques.
Politiquement : le grand retour du Peuple
Bien entendu, ce mouvement de fond porté par le peuple est massivement combattu par les élites anciennes encore au pouvoir, qui ont gouverné contre le Peuple depuis quarante ans et qui entendent bien continuer, ce qui amènera leur chute. Et c’est du Peuple que sortiront les élites appelées à se substituer aux vieilles élites usées jusqu’à la corde, tant elles ont trahi et failli en remplaçant dans leurs discours et leurs actions le Peuple par les immigrés et la Nation par le droit international.
Et, de fait, nous sommes déjà en train de changer de Logos. Et ce nouveau Logos dominant, c’est-à-dire celui accepté par le Peuple, est porté par des hommes comme Onfray ou Zemmour, sortis du peuple, ce qui veut dire que le changement des élites est proche.
Mais ce retour de la Souveraineté du Peuple, comme fondement de la Légitimité, et de la Nation, comme seule capable de protéger les citoyens en cas de crise est gros de nombre de dangers : retour de conflits frontaliers, mauvais traitement de minorités ethniques, vieilles querelles historiques… Et tout cela se passera au moment même où énormément de pouvoirs (monétaires, budgétaires, légaux, règlementaires, territoriaux, frontaliers), qui avaient été abandonnés par des traités vont refluer vers les États Nationaux, ce qui créera d’immenses difficultés, en particulier en Europe puisque c’est là que les abandons de pouvoir ont été les plus grands. Des « incidents » sont à craindre.
C’est à ces problèmes que la Grande-Bretagne est en train de s’attaquer, et son expérience pourra être très utile aux autres d’ici quelques temps.
Et en plus, tous ces pays devront se positionner à l’international à nouveau, ce qui va entraîner des changements profonds dans la politique internationale.
Si le lecteur accepte ma vieille analyse du monde se scindant en trois zones géographiques, la première autour des USA, la deuxième autour de la Chine et la troisième en Europe, alors, cela suppose qu’émerge dans chacune de ces trois zones un « hégémon » militaire régional pour maintenir l’ordre dans sa zone. Cela implique évidemment aussi que les USA renoncent à leur hégémon militaire mondial, ce qui ne se produira pas tant que le complexe militaro-industriel (traduire la CIA) mènera les affaires aux USA, mais qui pourrait commencer à se produire si Trump était réélu.
- Pour le continent Américain, les USA, en tout état de cause, continueront à dominer leur zone (Doctrine de Monroe).
- Pour l’Asie, la Chine est candidate à l’hégémonie militaire en Asie, mais cela suppose que les USA se retirent, et que l’Inde ne trouble pas le jeu. En tout cas, il est certain que cela prendra du temps. La lutte pour le contrôle du Pacifique va être la grande affaire des décennies qui viennent.
- Pour l’Europe, il est à peu près certain que les USA vont s’en retirer, et la bataille pour l’hégémonie militaire du Vieux Continent se passera sans doute entre une alliance Russie-Grande-Bretagne, soutenue par les USA en sous-main et une autre alliance, Turquie-Allemagne soutenue elle par la Chine (l’alliance actuelle entre la Russie et la Chine est une anomalie due a la stupidité intéressée des Démocrates aux USA).
Voilà qui promet des vies intéressantes aux diplomates qui ne vont pas manquer de travail.
Venons-en à l’économie
Le premier changement va être immense mais quasiment invisible : les hommes politiques depuis quarante ans ne nous parlaient que d’économie, de taux de croissance, de balance commerciale, tous sujets auxquels à l’évidence ils ne comprenaient rien et sur lesquels ils n’avaient aucune influence, mais ces discours leur semblaient nécessaires pour être élus. Or, ils découvrent avec stupéfaction que « l’homme ne vit pas que de pain ». On peut donc espérer que nos hommes politiques vont se préoccuper un peu moins du PIB et un peu plus de la France et de son Peuple, ce qui rendrait peut-être leurs discours moins ennuyeux.
Venons-en à l’essentiel, l’économie, la vraie, celle des entrepreneurs.
En Europe, la disparition de l’ordre international contraignant et fait sur mesure pour les grands groupes va libérer les entrepreneurs, et en particulier les petits entrepreneurs, tout comme la chute du mur de Berlin l’avait fait en son temps, car des milliers de règlementations imbéciles n’existeront plus puisque que les monstres à l’origine de ces stupidités comme l’Euro ou la Commission Européenne auront disparu. Et là, pour chaque État et chaque nation du vieux continent, il y aura deux réponses possibles : ou bien les technocraties nationales essaieront de reprendre le flambeau pour maintenir les réglementations et nous aurons à la fois le protectionnisme et les règlementations, ce qui aura des résultats désastreux (je crains le pire pour la France si les mêmes se retrouvent au pouvoir), ou bien les peuples exigeront d’être consultés au travers de referendums pour tout nouvel impôt et toute nouvelle règlementation, comme c’est le cas en Suisse, et tout sera pour le mieux.
Mais, pour les Etats qui ne réussiraient pas à s’adapter au monde nouveau, la combinaison du protectionnisme nouveau et des réglementations anciennes mènera automatiquement au contrôle des changes et des mouvements de capitaux et bien sûr à la baisse du niveau de vie.
En Asie, les économies souffriront du retour du protectionnisme en Europe et aux USA, mais bénéficieront de l’ouverture de la Chine et du développement de leur marché intérieur dopé par la hausse de leurs monnaies vis-à-vis de l’Europe et des Etats-Unis.
Quant aux USA, si monsieur Trump est réélu, nous aurons un second massacre de règlements et de normes idiotes, et cela ira de pair avec une augmentation des droits de douane sur les importations US, ce qui devrait être tres bon pour la rentabilité du capital et l’emploi aux USA.
S’il n’est pas élu, alors tout mon optimisme s’effondre et je craindrais fort que le monde ne rentre dans la nuit.
Passons à la monnaie
Chaque zone aura sa monnaie dominante, qui contrairement à ce que pense la plupart des gens n’est pas toujours la monnaie du pays le plus efficace, mais est toujours la monnaie du pays dans lequel est établi le marché financier dominant de la zone.
- Pour les USA, ce sera bien sur le dollar adossé à Wall-Street.
- Pour l’Asie, ce sera le yuan, grâce à Hong-Kong. Comme je l’ai écrit par le passé, les Etats-Unis ont déclaré une guerre monétaire à la Chine pour savoir qui allait gérer les excédents d’épargne asiatiques dans les trente ans qui viennent, eux ou la Chine. Pour que ce soit la Chine, il fallait que l’empire du milieu établisse sa souveraineté sur HK, seul endroit sur leur territoire où il y avait un marché financier de taille mondiale. Je ne dis pas que c’est bien, je dis qu’il ne pouvait pas en être autrement.
- Et pour l’Europe, la monnaie principale sera bien entendu le Sterling puisque les Britanniques dominent massivement l’éducation de qualité en Europe -ce qui est essentiel dans une économie de la connaissance- et contrôlent la City. Les autres monnaies resteront des outils provinciaux à usage interne.
Un dernier mot sur les monnaies et la crise du Covid. Dans les années 70, le pétrole passa d’un dollar le baril à plus de trente, ce qui était un choc inouï. Certains pays – USA, GB, France, Italie – « monétisèrent « cette hausse du prix du pétrole. Deux refusèrent, la Suisse et l’Allemagne. Dans les 10 ans qui suivirent, l’inflation grimpa comme jamais dans les pays qui avaient monétisé, mais pas en Suisse et en Allemagne. Par contre, les cours du DM et du FS explosèrent à la hausse, et le meilleur investissement – après l’or -fut d’avoir en portefeuille des obligations longues allemandes et suisses.
Remplacez le pétrole par le Covid et nous avons la même chose.
Les Etats-Unis et l’Europe ont monétisé comme jamais, tandis que la quasi-totalité des pays asiatiques, en commençant par la Chine ont refusé.
Vous devez avoir toutes vos obligations en Asie ainsi que de l’or.
Venons-en au travail
Le Covid a révélé de façon cruelle que les mégalopoles étaient des erreurs monstrueuses où tout le monde était malheureux. Or, dans beaucoup de métiers, il est aujourd’hui beaucoup plus facile de faire venir le travail à soi que d’aller à son travail. Et donc les agglomérations gigantesques, qui tendent à être des désastres écologiques vont se réduire comme peau de chagrin et il m’étonnerait que l’immobilier y fasse des merveilles.
Dans le même esprit, je me ferais du souci si j’étais propriétaire dans une mégalopole de grands immeubles de bureaux adjoignant des grandes surfaces commerciales, du type de ce qui existe à la Défense. Entre Amazon et le travail en ligne, la rentabilité de mes investissements s’annonce assez faible. Je préfère avoir ma maison à Avignon, à deux heures et demie de Paris, qui dispose d’un grand jardin où je pourrai faire pousser des salades si les pessimistes ont raison.
L’avenir semble appartenir aux villes universitaires de taille moyenne situées près d’un aéroport de qualité, et pas trop loin d’un centre financier. Je songe à Boston, Cambridge, Edinburgh Montréal, Aix-en-Provence ou Grenoble… Ou alors, j’irai acheter de l’immobilier résidentiel à Singapour, voire à Hong-Kong, tant l’avenir de ces deux villes me semble assuré, la Chine allant faire tout ce qui est en son pouvoir pour que la prospérité y règne, à défaut de la Liberté.
Bref, il me semble que le temps du métro-boulot -dodo est terminé, et que l’un des avantages de cette crise est que nous allons redécouvrir le plaisir de vivre dans des communautés à taille humaine.
Ce qui veut dire que si nous avons la chance de vivre dans un pays où nos élites n’essaieront pas de nous recoller les réglementations dont le retour à la Nation aurait dû nous libérer, alors le « le bonheur sera dans le pré ». Mais pour cela, il faut rendre nos fonctionnaires non éligibles et obtenir le referendum d’initiative populaire.
Ce devrait être le programme électoral de tout candidat souverainiste à l’élection de 2022. Au moins, il a le mérite de ne pas être long.
Les Suisses ont tout compris, et depuis longtemps !