Revenons en arrière.
Le mur de Berlin vient de tomber et deux thèses s’affrontent assez rapidement.
Celle de la « fin de l’Histoire », portée par Francis Fukuyama et celle du « choc des civilisations », soutenue par Samuel Huttington.
Le premier avançait que le futur appartenait à la démocratie occidentale et au système de marché libre et que l’Histoire au sens hégélien du terme était finie. Cette idée fut reprise par tous les Trissotins français du type de notre trio infernal, Minc, Attali et BHL, qui d’ailleurs la soutiennent toujours contre vents et marée.
Le deuxième, Huttington, montrait que l’opposition entre l’Union soviétique et les USA s’était produite à l’intérieur de la même civilisation – la nôtre – et que les conflits du futur allaient opposer non pas des pays ou des systèmes à l’intérieur de la même civilisation, mais des civilisations entre elles, et en particulier que nous allions tout droit vers un conflit entre la civilisation musulmane et les autres civilisations – dont la nôtre. Dans un autre livre, publié peu avant sa mort, « Qui sommes-nous ? », il analysait notre civilisation et précisait que nos sociétés étaient en train de se scinder entre ceux qui étaient bien partout (ceux que j’ai appelé les hommes des bateaux) et ceux qui étaient bien chez eux (les hommes des arbres), et que ce conflit portait en germe de graves dislocations. Et donc notre civilisation, alors même qu’elle était agressée par une autre civilisation, était elle-même profondément divisée entre un peuple – toujours local-, et des élites -internationalistes ou globalistes – que le sort des peuples laissait totalement indifférents.
Inutile de préciser que bien entendu c’était Huttington qui avait raison et que Fukuyama avait tort, ce que ce dernier a d’ailleurs reconnu, à la différence de nos Trissotin. Il n’en reste pas moins que ceux qui ont été au pouvoir depuis 1990 jusqu’au Brexit ont été dans la quasi-totalité de nos démocraties les partisans de la première thèse, et qu’ils ont emmené à marche forcée nos systèmes politiques nationaux vers des systèmes de moins en moins favorables aux locaux et de plus en plus aux internationaux.
Et ce mouvement impliquait bien sûr d’empêcher le peuple de se défendre et donc de remettre en cause un concept essentiel à chaque pays, celui de la souveraineté nationale. Or ce mouvement de détricotage des nations est en train d’échouer partout, comme il avait échoué en URSS, et pour les mêmes raisons.
Pour comprendre les raisons de cet échec, il nous va falloir rappeler à nouveau ce qu’est une nation, et ensuite ce qu’est la souveraineté.
- La nation, dans sa définition française et comme le disait Renan, est avant tout « une volonté de vivre ensemble et de partager une légende historique commune. Est Français, celui qui veut l’être… ‘’ Je n’ai pas une goutte de sang français, disait Romain Garry, mais la France coule dans mon sang ».
- La Souveraineté (dérivée de « souverain », du latin médiéval superus, de super, « dessus », fin XII esiècle) désigne la supériorité du pouvoir sur une zone géographique ou sur un groupe de peuples vivant en communauté. Dans une démocratie, elle est détenue par le peuple, qui de ce fait est le Souverain (comme le disent les Suisses). Mais bien sûr, par pour les gens de Bruxelles.
Et donc une nation souveraine est constituée d’un peuple voulant vivre ensemble et exerçant son pouvoir sur une zone géographique (ou un groupe de peuples) par l’intermédiaire d’une élite élue pour le représenter, au mieux des intérêts du peuple et non pas au mieux des intérêts des élites.
Hélas, la réalité depuis 1990 a été que cette élite a accepté sur le territoire national des millions de gens qui n’ont pas du tout envie d’être Français, tout en abandonnant toute prétention à exercer le pouvoir SOUVERAIN qui leur avait été confié sur le territoire national puisqu’ils ont abandonné d’abord la monnaie, puis le contrôle des lois avant que de supprimer les frontières, ces cicatrices de l’histoire, perdus qu’ils étaient dans leur rêve internationaliste.
Et cela ne s’est pas passé qu’en France, mais dans presque toutes les démocraties, à l’exception de la Suisse et de la Norvège peut-être. Du coup, nos internationalistes sont en train d’assister à la révolte des peuples qui entendent bien récupérer leur souveraineté en virant les élites. C’est ce que ces élites appellent le « populisme », alors que ce n’est que l’exercice de son pouvoir par le Souverain. Et il s’agit là d’un mouvement très puissant. Ce tsunami, car il s’agit d’un tsunami, ne fait que commencer et va avoir des conséquences économiques et financières extraordinairement importantes dont il me faut parler maintenant.
Conséquences financières
Commençons par l’Europe puisque c’est là que l’effort de destruction de la nation a été le plus ancien et le plus constant. On doit la construction européenne d’aujourd’hui à Jean Monet, qui haïssait à la fois la nation (cause de toutes les guerres) et la démocratie (source de faiblesse politique), ce qui en soi était à la fois idiot et faux historiquement puisqu’après tout il n’y a jamais eu de guerre entre deux démocraties.
Et donc les disciples de Jean Monet, tous hauts fonctionnaires, tous non élus (Belges, Hollandais, Allemands, mais surtout Français), ont créé au travers du temps deux étages d’abandons de souveraineté.
Dans un premier temps, chacun des pays de la communauté a abandonné des pans entiers de sa souveraineté à des institutions européennes non démocratiques : banque centrale, cour de justice, commission, cour des droits de l’homme et que sais-je encore. Et puis, une fois ces pouvoirs arrachés à chaque nation, on les transféra encore plus haut à des organisations « mondiales » du style ONU,WTO, OMS ou vers des traités visant à « sauver la planète » (accords de Paris) qui empêchent les entreprises européennes ou américaines de faire concurrence à leurs consœurs indiennes ou chinoises autorisées à polluer autant qu’elles le désirent.
Premières et seules victimes, les PEUPLES, les locaux.
Seuls gagnants, les hommes de Davos et le capitalisme de connivence.
La révolution des peuples en Europe va donc devoir détruire non pas un niveau, mais deux d’organisations internationales superfétatoires. Pour faire bref, pour sauver les peuples européens de la misère et de l’esclavage auxquels ils sont promis, il faut sortir Bruxelles de l’Europe (appelons cela le Bruxit), c’est-à-dire détruire l’appareil politique supra national érigé à Bruxelles depuis 1990 et qui n’a aucune légitimité démocratique, faire disparaître le monstre financier qu’est l’Euro et renvoyer à leurs chères études les Barnier de ce monde.
L’ayant détruit, il faudra sortir ensuite des organisations mondiales, ce qui n’ira pas sans mal…
« Vaste programme, monsieur, vaste programme » comme l’avait dit le Général à un homme qui lui avait dit « Mort aux cons, mon général ». Si nous n’y arrivons pas, il est tout à fait certain que dans la guerre des civilisations si bien entrevue par Huttington, nous allons être les perdants, tant il est vrai que si peu de gens sont prêts aujourd’hui à mourir pour la France, personne, et je dis bien personne, n’est prêt à mourir pour l’Europe de Juncker.
Il ne faut pas que le lecteur se désespère, les peuples se réveillent : déjà nous avons eu le Brexit, suivi de la renaissance de l’empire austro-hongrois, les élections italiennes, avec l’Italie qui apparaît à la veille de basculer en dehors de l’Euro, retrouvant de ce fait sa liberté et sa prospérité en récupérant sa souveraineté monétaire.
Rien n’est perdu, mais rien n’est gagné non plus.
Pour les placements, il ne faut encore une fois rien avoir qui dépende des états européens (obligations, banques, compagnies d’assurance, etc.) et n’avoir des actions que dans le secteur capitaliste du style Air Liquide ou l’Oréal.
Venons-en aux USA
Monsieur Trump a décidé très clairement d’être le Président des Américains et non pas des hommes de Davos (ils lui en veulent d’ailleurs beaucoup, ce qui semble le laisser totalement indifférent) et nous venons de le voir une fois encore lors de la réunion du G7 où il a envoyé paître notre cher Président ainsi que la chancelière allemande. Un G7 sans les Américains comme le voudrait monsieur Macron a un nom, et c’est la Commission européenne à laquelle j’aimerais rappeler la phrase de Bismarck : « La diplomatie sans les armes, c’est la musique sans les instruments ».
Il faudrait que quelqu’un rappelle à monsieur Le Maire et à madame Merkel que la défense militaire de l’Europe est assurée par les USA et par eux seuls. Notons au passage que le Président US a demandé la réintégration de la Russie dans le G7, ce qui semble indiquer que le procureur Muller n’a pas grand-chose dans son dossier d’accusation contre le Président Trump et que les élections à venir en novembre 2018 vont être bien difficiles pour les démocrates.
Acheter des obligations russes, si vous le pouvez, et aussi vite que vous le pouvez.
Conservez vos dollars et vos positions aux USA.
Achetez une résidence secondaire à Miami ou à Sébastopol.
Reste l’Asie
Les pays en Asie sont en train d’acquérir leur souveraineté financière, après cinquante ans de servage sous le joug du dollar (voir mes articles précédents sur le sujet), ce qui veut dire que leur croissance va rester très forte, mais surtout que cette croissance ne sera pas interrompue par des crises financières chaque fois que le dollar monte.
On le voit très bien en ce moment où la Turquie, l’Argentine, le Brésil, l’Afrique du Sud, etc. sont en train de se casser la figure alors que les pays d’Asie restent peu ou prou impavides.
Bourrez-vous d’Asie, obligations et actions, tant il est vrai que ce qui baisse le moins dans une crise est ce qui montera le plus dans la reprise.
Et je n’ai aucune inquiétude à recommander l’Asie vis-à-vis de l’Europe.
Depuis le début de l’Euro, les bourses asiatiques ex Japon ont progressé, dividendes et taux de changes pris en compte, de 433% alors que l’Europe est montée de 188 %.
La vitesse de croisière de l’Asie est donc d’environ 7 % par an en performance annuelle moyenne, soit un doublement de votre capital tous les 10 ans.
La vitesse de l’Europe est un très poussif doublement tous les vingt ans, soit 3.5 % par an.
Il faut être un peu demeuré pour préférer 3,5 % à 7 %, alors même que le risque géopolitique en Europe est immense et très faible en Asie.
Pourquoi cette différence de performance ? C’est tout simple : nos gouvernements ne cessent de limiter non seulement nos seulement la vitesse sur les routes, mais aussi nos capacités d’actions dans tous les domaines. Et donc la rentabilité du capital investi est beaucoup plus faible dans la zone euro que partout ailleurs.
Et certains des lecteurs trouvent peut-être tout cela très bien.
Pas moi, quand il s’agit de gérer mon épargne.