« On assiste à une formidable inversion historique : jusqu’à la chute du Mur, nous avions le monde libre contre les Soviétiques et l’Internationale communiste ; désormais, on a le monde libre défendu par Poutine contre les Américains et l’Internationale globaliste.
Que reproche-t-on à Poutine ? De ne pas vouloir des Femen et de l’OTAN. Comme on le comprend ! »
Philippe de Villiers – Le Figaro – 8 août 2014
Nous souhaitons dans cette chronique simplement apporter quelques précisions supplémentaires à nos chroniques précédentes quant à la russophobie viscérale des Anglo-Saxons, de l’Amérique et de l’Occident envers la Russie.
Le mécanisme russophobe de soumission de l’Europe à Washington
Comme l’écrit Yves de Kerdrel : « Les princes qui nous gouvernent n’ont pas encore compris que l’Amérique se fiche des Européens comme d’une guigne et que nous ne l’intéressons qu’en étant ses affidés dans l’OTAN ou comme signataires d’un traité transatlantique qui donne tous les droits aux États-Unis. Ils ne veulent pas voir que notre intérêt à long terme est de nous rapprocher de la Russie plutôt que de lui appliquer des sanctions ridicules ».
L’UE obéit à Washington pour prononcer des sanctions économiques contre la Russie qui nuisent aux économies européenne et russe, mais qui n’affectent en rien l’économie américaine, cette dernière ayant peu d’échanges avec la Russie. L’UE est prête à signer des traités commerciaux de soumission aux USA, qui sont l’exacte réplique des fameux « traités inégaux » et coloniaux imposés à la Chine au XIXe siècle. Le but de Washington est de rompre à son profit les liens économiques UE-Russie dans le but d’affaiblir et l’UE et la Russie.
L’effet boomerang pour la France et l’Europe, dès 2014, des sanctions lancées par l’Amérique
L’ambassadeur de Russie Alexandre Orlov avait déploré la situation, suite aux premières sanctions, dès 2014 : « Je suis obligé de constater avec regret que la France, tout comme un certain nombre d’autres pays de l’UE, suit les règles d’un jeu qui n’est pas le sien en s’enfonçant dans une confrontation absolument inutile, insensée et dangereuse avec la Russie que JP Chevènement a qualifiée de « spirale de la folie ». L’ambassadeur avait donné des statistiques inquiétantes : en 2014, déjà, le chiffre d’affaires des échanges et coopérations franco-russes avait chuté de 17,6 %. Mais, en 2015, il s’était effondré de 44 %. Les seules premières sanctions contre la Russie de l’UE ont coûté 0,5 % de PIB à la France et lui ont fait perdre 165 000 emplois. Merci à nos dirigeants inconscients, merci à l’UE soumise et irresponsable, merci à l’Amérique pour ce beau cadeau supplémentaire au niveau de vie français et aux chômeurs français.
L’atténuation de la russophobie de l’Amérique suite à la menace chinoise
Le Président Trump fait partie d’une minorité des élites américaines qui ne croient pas à une véritable menace russe, mais par contre à un très grand danger chinois.
C’est la raison pour laquelle, en juin 2020, l’Amérique avait décidé de retirer d’Allemagne 9 500 militaires sur un total de 34 500 déployés. Les troupes ainsi économisées devenaient disponibles pour d’autres théâtres : Formose, Corée du Sud, Japon, Philippines. L’Amérique prévoyait de retirer en deux ans 30 000 soldats américains sur les 50 000 actuellement déployés.
Les têtes de linotte bien-pensantes devraient réaliser que la Russie blanche, de civilisation européenne, est tout aussi inquiète que l’Occident de la montée en puissance de la Chine, d’autant plus qu’elle est aux premières loges avec 6 500 kilomètres de frontières communes en Asie. Un retrait de l’OTAN à l’Ouest permettrait à la Russie de renforcer ses troupes en Asie centrale et en Extrême-Orient.
C’est une raison supplémentaire pour laquelle les Européens de l’Ouest doivent se rapprocher de la Russie.
La cause idéologique et morale de la russophobie
La russophobie de nos dirigeants ne s’explique pas par la crainte d’une prétendue « menace russe » ou par le caractère « dictatorial » du gouvernement de Poutine, affabulations auxquelles même les journalistes qui en font la propagande ne croient pas. Elle s’explique par la révolution conservatrice de Poutine, c’est-à-dire un retour à des normes et des valeurs détestées par les oligarchies françaises et européennes.
La Russie heurte l’Occident beaucoup plus que l’URSS car elle défend une vision politique et éthique, qui est à l’opposé de celle du nihilisme occidental. Patriotisme, natalisme, défense des traditions religieuses et familiales, enracinement dans l’histoire, restauration de la puissance et de l’indépendance, toutes ces valeurs que de Gaulle a restaurées en France, sont détestées par les oligarchies européennes et par l’idéologie des pseudo-élites.
Les élites européennes au pouvoir voient dans la nouvelle Russie poutinienne une menace d’attraction, le danger d’un exemple pour les peuples européens. L’intérêt de la France, ce n’est pas un pacte transatlantique, ni un mondialisme suicidaire, mais un pacte « euro-russe ». La Fédération de Russie devrait être l’alliée de la France et de l’Europe dans une « Maison commune » : l’Europe, la Grande Europe !
Marc Rousset – Auteur de « Notre Faux Ami l’Amérique / Pour une Alliance avec la Russie » – Préface de Piotr Tolstoï – 370p – Librinova – 2024