Depuis quelques semaines, l’association Ensemble avec Marie organise, dans des églises de la région parisienne, des rencontres interreligieuses au cours desquelles chrétiens et musulmans prient, récitent des textes religieux et chantent des cantiques revus à la sauce multiculturaliste, dans lesquels on ne parle ni de Jésus ni de la Vierge Marie : le 6 février à Saint-Sulpice, puis à Montreuil et, ce samedi, à Créteil. Que les catholiques et les musulmans parlent ensemble, qu’ils échangent sur leur foi et qu’ils discutent de la figure de Marie, présente aussi dans le Coran (mais qui n’y est évidemment ni Vierge, ni mère de Dieu), cela est sans doute louable. Mais qu’ils fassent cela dans une église, consacrée au culte du Dieu incarné, cela n’est rien d’autre qu’un scandale, un blasphème, une profanation.
Car faire chanter des sourates du Coran par un imam, ou des chansonnettes par des filles en hijab dans le sanctuaire d’une église, au pied de l’autel, cela revient à dire à Jésus-Christ que sa religion en vaut bien une autre, que sa mort sur la Croix n’était finalement qu’une option parmi d’autres. Cela revient à dire aussi aux derniers fidèles que toutes les religions se valent, qu’elles sont interchangeables, « grand-remplaçables ». Comme si les prêtres qui s’adonnent à ce genre de mascarades voulaient bien faire comprendre à tout le monde que, demain, la France sera musulmane, et qu’il faut non seulement s’y habituer, mais même accélérer le processus. Ils se présentent comme les grands promoteurs de la fraternité universelle, alors qu’ils ne sont que les piètres collaborateurs d’un dramatique abandon.
Il y a en effet, pour expliquer cela, d’abord une illusion naïve, qui persiste depuis les années 70, selon laquelle dialogue et accueil chrétiens devraient favoriser l’installation et l’expansion de l’islam – c’est selon cette absurde idéologie que la paroisse de Saint-Étienne-du-Rouvray avait donné aux musulmans un terrain pour y construire une mosquée… d’où sont sortis les assassins du père Hamel. Mais il y a plus grave que ces postures faussement humanistes. Car, au fond, ce qui est en jeu, c’est la survie même du christianisme dans notre pays : les églises sont vides depuis longtemps, les vocations sont rares, les prêtres invisibles. À l’heure où une grande partie des Français réalise que la civilisation occidentale risque de disparaître, le rôle des pasteurs et des prédicateurs devrait pourtant être, à l’image de leurs prédécesseurs missionnaires, de prêcher une foi forte et fière, afin de défendre le christianisme civilisateur. Ils devraient s’opposer de toute la force de leurs prédications à la disparition annoncée de la foi chrétienne. Or, chez certains d’entre eux, laïcs boomers et prêtres progressistes, il n’en est rien. Héritiers de l’individualisme des Lumières et de Mai 68, ils ont réduit leur foi au droit-de-l’hommisme et à une pseudo-tolérance érigée en vertu. Par lassitude ? Par habitude de la compromission ? Par peur face à l’avancée d’un islamconquérant ? Par oubli, surtout, de la force intrinsèque de la vérité qu’est le Christ lui-même…
Mais tout n’est pas perdu. Car la leçon fondatrice du christianisme, c’est bien que la passion et la mort appellent une résurrection. Ce que n’ont pas compris ces tenants d’une foi faible et soumise, c’est qu’une jeunesse chrétienne est en train de se lever, qui ne veut plus de leurs abdications et de leurs leçons de morale : pour la génération 2000, être chrétien n’est plus un luxe d’intellectuel de gauche, et moins encore le poids d’un héritage familial. La foi, pour ces chrétiens 2.0 formés sur les réseaux sociaux, est une conquête personnelle à contre-courant, le fruit d’une méditation de notre Histoire et de nos valeurs, l’adhésion à une vérité révélée en Jésus-Christ et enseignée par l’Église depuis la nuit des temps. Ils ont sainte Jeanne d’Arc pour modèle et Saint Louis pour patron. Ils s’opposent à l’islam non par haine ou par ignorance, mais par conviction chevillée au corps. Ils ont retrouvé le souffle de l’esprit qui animait leurs ancêtres, chevaliers et moines soldats, avant la parenthèse affligeante de la modernité. Il ont réalisé que la foi chrétienne est un souffle puissant qui forme une identité et qui bâtit des civilisations : un souffle qui seul leur permet de résister, pour pouvoir bientôt reconquérir !