Par Philippe Fabry
L’an dernier, j’ai publié un livre, qui s’est assez bien vendu, exposant les raisons de l’ascension, puis de l’effondrement et de la chute de l’Empire romain.
Cela a été bien sûr, pour moi, l’occasion de parler un peu de ces « Grandes invasions » ou « Grandes migrations » durant lesquelles les barbares ont pénétré sur le territoire romain, et dans lesquelles on a longtemps vu, et l’on continue souvent de voir, les causes de la chute de Rome.
Ce que j’ai tenté d’expliquer, à ce propos, est que les invasions barbares n’ont eu leur effet destructeur à Rome que parce que le système impérial était un système socialiste, et que le socialisme et l’immigration ne font jamais bon ménage : une nation socialiste est une nation nécessairement, dès avant l’arrivée des migrants, en état de guerre civile larvée, où chacun essaie de vivre aux dépens de l’autre, où l’envie de vivre ensemble et de coopérer est largement supplantée par la volonté sinon de piller le voisin, du moins de se défendre contre son pillage institutionnel. Le socialisme sape la cohésion du groupe, et en même temps sa capacité à absorber de nouveaux arrivants ; car lorsque la richesse nationale est présentée continuellement par l’Etat comme un gâteau à partager entre les membres du groupe, l’arrivée de tout nouveau convive fait grincer des dents… et ce d’autant plus que tout le monde sait, pertinemment, que le nouvel arrivant sera frappé de l’interdiction de cuisiner son propre gâteau.
Le fonds du problème migratoire en cours, en ce qui concerne la France, est là : le problème n’est pas qu’on a déjà trop d’immigrés, il n’est pas qu’on manque de place, ou d’argent. Le problème, c’est que la France est un pays socialiste. Un pays dans lequel, à coup de droit du travail et de salaire minimum, il est interdit de travailler. Un pays dans lequel l’Etat ponctionne plus de la moitié de la richesse produite pour la redistribuer à son gré. Un pays dans lequel chaque individu est, pour son voisin, un demi-voleur, et l’mmigré un voleur complet.
Dans un pays socialiste, l’immigration ne peut pas être une richesse. Mais c’est bien ce qui caractérise le socialisme : rien n’y est richesse, tout y est vol et gaspillage.
Mais l’immigration peut être une richesse. Elle peut l’être si on laisse les immigrants être une richesse eux-mêmes, c’est-à-dire si on leur permet de travailler, d’entreprendre, si on n’impose pas aux autochtones de les payer plus qu’ils ne sont rentables.
Dans un pays libéré du socialisme, la question de savoir si « on a les moyens » d’accueillir les immigrés ne se poserait pas ; les immigrés, comme tous les autres, créeraient ces moyens eux-mêmes, vendraient leurs services. Même la « générosité » ne serait pratiquement pas nécessaire. Comme toutes les vagues d’immigrés dans tous les grands pays d’immigration, la première génération commencerait par être pauvre, et en deux générations, peut-être moins, aurait le même niveau moyen que celui des indigènes.
Le mouvement migratoire en cours devrait donc être perçu comme une énième raison de libérer l’économie française, d’en finir avec les carcans des réglementations. Cela règlerait aussi les problèmes d’intégration, car la liberté est un puissant moyen de susciter la cohésion nationale, de donner aux nouveaux arrivants l’envie d’aimer et de défendre leur pays.
Mais voilà, il est à craindre que rien de toute cela ne soit fait, et que le socialisme de notre pays, une fois de plus, gâche son avenir.
Ce n’est pas une raison pour ne pas le dire : le « problème migratoire » que nous voyons est une nouvelle occasion de dénoncer le socialisme, et de rappeler les bienfaits qu’il y aurait à tirer d’une France plus libre.