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Par Philippe Fabry C’est pratiquement une tautologie que de dire qu’une économie capitaliste ne saurait fonctionner sans capital. Pourtant, il paraît bon de le rappeler à une époque où l’on s’étonne bruyamment qu’une économie capitaliste ne fonctionne pas alors que le capital n’existe plus, et a été remplacé par la dette – pour ceux qui ont encore les moyens de s’endetter. Remontons un peu le temps : à la fin du XIXe siècle, sous la jeune IIIe République, les entreprises trouvaient essentiellement leur financement dans leurs propres profits et l’épargne de leurs propriétaires : on estime à 70 % la part de « l’autofinancement » à l’époque. Il faut dire que les impôts d’alors étaient très faibles, n’ayant à financer un Etat qui ne pesait que pour moins de 10% dans l’économie nationale (contre le quasi-sextuple aujourd’hui) : puisque l’Etat n’était pas là pour voler le capital produit par l’impôt, l’épargne pouvait être forte sans trop d’efforts et fournissait donc un capital facile d’accès, en particulier pour les petites entreprises, sans faire trop…