PAR JACQUES SAPIR · 8 MAI 2016 http://russeurope.hypotheses.org/4935 C’est le temps des aveux. Oh, pas celui des doux aveux que se font les amoureux, ni celui des aveux extorqués par la force et la souffrance ; non, simplement les aveux devant l’évidence de personnes qui se sont trompées, et qui ont trompé le public. Les aveux honteux de politiques aux abois dont les constructions sont en train de s’effondrer. (suite…)
TRUMP : America is back (la vraie, pas l’idéale)
Par Philippe Fabry. Nous y sommes, un peu plus tôt qu’on pouvait s’y attendre : Ted Cruz a jeté l’éponge après sa défaite dans l’Indiana, et l’on ne voit pas, désormais, ce qui pourrait arrêter Donald Trump qui réussira à s’imposer comme le candidat du Part Républicain. Il y a plus d’un an, je rédigeai et publiai sur ce blog un article titré « America will be back », dans lequel je prévoyais, vue l’évolution en cours de la mentalité populaire américaine illustrée par un petit parallèle cinématographique, un retour de la fierté nationale américaine dont je supposais qu’elle s’incarnerait dans un « nouveau Reagan », savoir un candidat non-conventionnel, raillé et craint par l’establishment en raison de ses propositions radicales mais qui emporterait l’adhésion du peuple en dépit des ricanements et manigances des élites. A l’époque, la course à l’investiture du parti républicain n’avait pas encore démarré et j’envisageais avec enthousiasme la possibilité que Rand Paul, qui fut l’un des premiers à se déclarer candidat, puisse être ce « nouveau Reagan ». Malheureusement, cette…
La destruction totale du capital
Par Philippe Fabry C’est pratiquement une tautologie que de dire qu’une économie capitaliste ne saurait fonctionner sans capital. Pourtant, il paraît bon de le rappeler à une époque où l’on s’étonne bruyamment qu’une économie capitaliste ne fonctionne pas alors que le capital n’existe plus, et a été remplacé par la dette – pour ceux qui ont encore les moyens de s’endetter. Remontons un peu le temps : à la fin du XIXe siècle, sous la jeune IIIe République, les entreprises trouvaient essentiellement leur financement dans leurs propres profits et l’épargne de leurs propriétaires : on estime à 70 % la part de « l’autofinancement » à l’époque. Il faut dire que les impôts d’alors étaient très faibles, n’ayant à financer un Etat qui ne pesait que pour moins de 10% dans l’économie nationale (contre le quasi-sextuple aujourd’hui) : puisque l’Etat n’était pas là pour voler le capital produit par l’impôt, l’épargne pouvait être forte sans trop d’efforts et fournissait donc un capital facile d’accès, en particulier pour les petites entreprises, sans faire trop…
Typologie des méthodes employées par les oints du seigneur
par Charles Gave, Institut des libertés Les Oints du Seigneur (ou hommes de Davos) ont développé un ensemble de techniques de communication qu’ils utilisent tous, non pas pour expliquer aux autres leurs idées, mais bien plutôt pour empêcher les autres de parler. Ce que je veux faire dans le papier de cette semaine est donc de créer une espèce de typologie de leurs méthodes de façon à ce que le lecteur ne se sente pas isolé et désarmé quand les grandes orgues (de Staline ?) de leur propagande se déchainent. (suite…)
Le devenir du millénarisme islamique
26 mars 2016 Par Philippe Fabry Nouvelle série de vidéos dans laquelle je répondrai aux questions de mon lecteur Sébastien Letocart, afin de préciser certains points de ma pensée et de la rendre accessible sur d’autres supports que l’écrit. Cette première vidéo aborde la question du parallèle historique entre l’islam moderne et le judaïsme de l’Antiquité, les projections que l’on peut en tirer quant à l’avenir de l’islam et spécifiquement du mouvement djihadiste, et les questions autour du rôle de l’Iran et de l’Arabie Saoudite dans le terrorisme islamique. Questions historionomiques 1 : Le devenir du millénarisme islamique
Bruxelles, l’horreur
PAR JACQUES SAPIR · 23 MARS 2016 Les tragiques attentats de Bruxelles du 22 mars nous emplissent d’horreur et de compassion pour les victimes. Mais ces attentats sont aussi porteurs d’une leçon importante. Ils nous rappellent l’importance des Etats dans la protection, qu’elle soit physique ou sociale, des citoyens. Ces attentats sont la confirmation que seuls les Etats, en se coordonnant et en coopérant, sont à même et sont légitimes à exercer cette protection, car ils sont, dans un régime démocratique, l’expression du peuple. L’Union européenne n’a ni la légitimité, ni même la capacité matérielle, d’assurer cette protection. C’est d’ailleurs le bilan qu’en tire Pierre Briançon dans un article posté sur le site politico.eu au 23 mars[1]. (suite…)
SYRIE : La Légion Condor se retire… et après ?
par Philippe Fabry Le retrait russe de Syrie, annoncé par Vladimir Poutine, a surpris tout le monde – ce dont se réjouissent d’ailleurs les organes de propagande du Kremlin, qui y voient une nouvelle preuve du talent de stratège de Vladimir Poutine. Naturellement, nombre de mes lecteurs – notamment les plus hostiles – m’ont demandé ce que je pensais de cela, et si cela n’était pas de nature, en particulier, à réfuter radicalement ce que j’ai pu exposer des ambitions de Vladimir Poutine au Moyen Orient. Le moment étant important, il me semble nécessaire de traiter cette actualité avec un billet complet, au-delà de la veille sur l’actualité exercée quotidiennement par le biais de la page Facebook La guerre de Poutine. (suite…)
L’Euro, poison de l’Europe
PAR JACQUES SAPIR · 4 MARS 2016 L’Union européenne est en crise ; c’est aujourd’hui une évidence. Les accords de Schengen sont sur le point d’être révoqués, si ce n’est dans le droit du moins dans les faits. Le désastre crée par le « marché unique » non équilibré par des capacités d’action à la mesure de ce dit marché est aujourd’hui patent. Mais, plus que tout, l’origine de cette crise trouve sa source dans l’Euro. Il agit tel un acide qui corrode les fondations économiques et sociales des pays qui l’ont adopté. Il met à mal la démocratie et suscite, peu à peu, la montée de pouvoirs tyranniques. C’est en partie la thèse du livre écrit par Lord Mervyn King, l’ancien gouverneur de la Bank of England ou Banque Centrale du Royaume-Uni (de 2003 à 2013) [1]. Il faut ici souligner la portée de cet ouvrage. C’est la première fois qu’un ancien banquier central prend de manière si claire et si directe position contre l’Euro. Il n’est pas le seul. On annonce pour le 31…
Être de droite a-t-il encore un sens ?
FIGARO VOX POLITIQUE Par Eléonore de Vulpillières Publié le 19/02/2016 FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – A huit mois de la primaire de la droite et du centre, le chercheur Marc Crapez s’interroge sur ce que signifie le fait d’être de droite. Il estime que la «droitisation» des débats est une escroquerie intellectuelle. Marc Crapez est chercheur en science politique associé à Sophiapol (Paris-X). Il est l’auteur de Un besoin de certitude et Je suis un contrariant (Michalon). Son Eloge de la pensée de droite est paru en février 2016 aux éditions Jean-Cyrille Godefroy. Vous pouvez également retrouver ses chroniques sur sa page ou son site. LE FIGARO. – Quelle fracture idéologique persiste-t-elle entre la droite et la gauche? Le rassemblement de la gauche s’effectue sous le mot de ralliement: «battre la droite et l’extrême-droite»! Dès lors, érigé en impératif catégorique, cet anathème alimente une fracture idéologique, pour reprendre votre expression. En fait, la violence politique physique a considérablement régressé. Mais la virulence verbale demeure importante. Droite et gauche se distinguent par leur rapport à l’histoire, la droite jugeant prudent de tenir compte…
Sortir de l’euro
Par Jacques Sapir · 17 février 2016 Les dangers que l’Euro fait courir à la France mais aussi à l’Europe sont désormais évidents. Ils sont reconnus par des dizaines d’économistes, tant français qu’étrangers, dont un certain nombre de titulaires du Prix Nobel. La liste ne fait d’ailleurs que s’allonger avec les mois qui passent[1], et elle compterait désormais plus de 175 noms. Ces dangers font de l’objectif de mettre fin à la monnaie unique, que ce soit dans la cadre d’une dissolution concertée ou que ce soit par une sortie unilatérale, l’un des objectifs prioritaires que toute force politique défendant ET les intérêts des français ET se donnant pour objectif la santé économique et politique de l’Europe devrait se fixer. De la même manière que la sortie de la crise des années 1929-1932 impliqua la fin de l’étalon-or, la sortie de la crise qui dure maintenant depuis près de dix ans en Europe implique que l’on mette fin à l’Euro. Mais, le débat sur une sortie, ou sur dissolution, de…