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L’opéra de la guerre entre « Casse noisette » et la « Marche au supplice »

par Alexandre N, le Courrier des stratèges
26 novembre 2024

En 1940, la France était encore une vrai puissance avec « la première armée du monde », capable de fabriquer des vrais Gamelin, capables eux mêmes de fabriquer de vrais désastres, tout en proclamant : « j’ai tout prévu, nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts, ils ont les canons sans le beurre et nous avons le beurre et les canons .. » . On a vu la suite…

Rien appris, rien compris : aujourd’hui, avec son armée échantillonnaire et branlante, la France fabrique encore des Gamelin mais seulement des Gamelin de plateau à peine capable de crier à leur tour dans un micro « même pas peur des Russes », ce qui nécessairement aboutira au même désastre avec seulement un millions de prisonniers en moins….C’est ça le véritable progrès.

Le missile Oreshnik et son impact stratégique

Tout ça pour en arriver où ? Sur le fait que la démonstration russe du missile Oreshnik – sur l’air de « casse noisette », l’opéra de Tchaïkovsky – est absolument sans équivoque. Un désastre certain attend non plus la France seule mais l’Occident combiné dans son ensemble. Mais la grande différence avec 1940 c’est qu’il n’est désormais plus question de stratégie et encore moins de géopolitique, ce n’est plus question que narcissisme pur et dur :

– le narcissisme du pouvoir américain d’abord qui – en tant que maître du monde incontesté et incontestable- ne peut interpréter la moindre concession à la Russie que comme une insupportable défaite existentielle,

– mais le narcissisme aussi des dirigeants vassaux engerbés dans leur syndicat otanien parce que c’était la condition sine qua non pour qu’ils fussent placés à un tel niveau de pouvoir,

– un narcissisme qui ne peut en fait régner que sur des populations suffisamment dépouillées de leur bon sens pour ne pas voir qu’elles marchent au supplice (là c’est Berlioz). .

Par conséquent, tout ce qu’il peut alors advenir ne ressort absolument plus de la réflexion pure mais désormais de la simple psychiatrie. Autrement dit il s’agit désormais d’une guerre entre les fous et les encore sains d’esprits, sur la base des moyens que l’histoire leur a respectivement laissés.

Un choc technologique et psychologique pour l’Occident

L’ancienne objectivité dans l’analyse des situations vient de nous dire que :

– Six sous-munitions de métal pur et auto-guidées ont atteint chacune leur objectif quasi simultanément à la vitesse de mach 12: elles se sont enfoncées profondément dans le sol pour y déclencher – sans bruit audible au dessus du sol – une destruction équivalent pour chacune à leur masse multipliée par leur vitesse au carré ( + qu’énorme ), ce qui a provoqué au sens littéral du terme la pulvérisation des trois étages sous-terrains de six mètres de hauteur chacun et où se trouvaient des ateliers d’assemblage de missiles ainsi que de réparation de chars de l’Allemand Rheinmetall, qu’il n’y a strictement aucun rescapé, que tout s’est éteint dans la ville …, que la zone a immédiatement été décrétée interdite et fermée, que des équipes européennes et américaines ont été dépêchées d’urgence sur place pour essayer d’y comprendre quelque chose …

– la première interprétation alors de l’existence d’un tel armement est qu’il est d’une portée au moins égale à 5000 kilomètres, qu’il ne lui faut qu’une poignée de minutes pour atteindre n’importe quelle cible, qu’il est totalement ininterceptable outre qu’il est probablement indétectable au radar, que les Occidentaux n’ont donc rien pour le contrer, et enfin qu’il est tout particulièrement prédestiné à détruire n’importe quel bunker existant, aussi bien celui de l’ex—président ukrainien que celui de n’importe quel dirigeant occidental, que celui de n’importe quel état-major occidental, et encore plus facilement ceux où croient pouvoir se cacher tous ces milliardaires globalistes qui ne sont pas pour rien dans le merdier ambiant.

– donc qu’au bilan, dans cette guerre moderne il n’existe plus aucun refuge souterrain qui ne puisse devenir une fosse commune – et ce de l’aveu même du maire de Kiev!

Mais ce qu’elle nous dit aussi est que :

– En face tout a été en œuvre médiatiquement pour nier la réalité de cette arme – ce qui n’est en fait que normal compte tenu de l’impératif ambiant de propagande qui veut que l’arrière – donc les populations et notamment l’ukrainienne ne craquent pas.

Donc jusque là on reste dans la norme des sains d’esprit, tout au moins pourrait-on le croire.

Entre calculs politiques et folie des dirigeants

Mais l’examen plus approfondi des réactions nous indique en fait exactement l’inverse :

– voici par exemple la réaction d’un des pires faucons américains, Lindsay Graham telle que rapportée :

« Lindsey Graham a souligné que l’Ukraine est le pays le plus riche d’Europe en minéraux rares, dont, selon ses estimations, elle possède entre 2 et 7 000 milliards de dollars. C’est pourquoi les États-Unis, selon Graham, devraient aider l’Ukraine dans le conflit avec la Russie. L’Ukraine est prête à conclure un accord avec nous, pas avec la Russie, il est donc dans notre intérêt de garantir que la Russie ne s’y implante pas. L’Ukraine est véritablement le « grenier » du monde. 50 % de la nourriture en Afrique vient d’Ukraine. Nous pouvons gagner de l’argent et entretenir des relations économiques avec l’Ukraine, ce qui nous sera très utile. Donald Trump veut donc un accord pour récupérer notre argent afin que nous puissions nous enrichir en minéraux rares. C’est un bon accord pour l’Ukraine et pour nous »
, a déclaré le sénateur. Auparavant, une proposition visant à développer les ressources minérales figurait dans le « plan de victoire » de Zelensky » . Donc il n’a rien appris ni rien compris.

– voici une des réactions de la France :

« MBDA (Matra BAE Dynamics Aérospatiale) a lancé de grands travaux d’extension de son site de Selles-Saint-Denis qui vont durer six ans dans le seul établissement français de MBDA dédié à l’assemblage final des missiles utilisés aussi bien par l’armée française que par ses alliés de l’OTAN, c’est par exemple ici que sont notamment assemblés les missiles Scalp fournis à l’Ukraine. Une infrastructure pour 400 employés, et surtout un bâtiment logistique de 13.000 m2 seront construits. Ceci permettra « une augmentation des cadences » de production notamment pour faire face aux besoins ukrainiens ».
Il s’agit donc pour elle de construire par devers elle une future cible pour Oreshnik où autre jouet du même « Kalib »r.

– Mais on note aussi la dernière gamelinade révélatrice du ministre des affaires étrangères de ce pays en quasi faillite, affirmant qu’il ne doit y avoir aucune limite à soutenir l’Ukraine .

– De toutes parts, les néo-cons déchaînés réclament qu’on donne à l’Ukraine des armes nucléaires ( lesquels et sur la base de quelle expertise ukrainienne, on se demande mais bon bon … )

– Les médias anglais, encore pire que les autres, se déchaînent pour réclamer la guerre, l’un d’entre eux allant jusqu’à faire le morbide décompte de la population ukrainienne encore disponible pour le « hachoir à viande » et il en a trouvé 3,9 millions. La guerre peut donc durer encore des années en toute théorie avant que le réservoir de confort de cette guerre occidentale par procuration ne s’épuise. À défaut d’être cohérent, on retient d’un tel discours le cynisme absolu des Occidentaux.

Tout cela bien sûr relève du bruit médiatique ambiant, mais qu’en partie seulement parce qu’il révèle en fait les deux éléments de posture les plus déterminants quant à la suite des évènements :

– d’une part la peur est bien présente dans le camp occidental et brutalement bien plus qu’avant ; cette peur n’est en effet pas nouvelle et elle fait partie aussi du problème en ce sens que – par exemple – il est absolument hors de question pour l’armée US d’affronter directement le Russe – hors fournir des propres armes à ses ennemis – , ce qui signifie par conséquent que seule la CIA peut poursuivre ( donc diriger ) directement cette guerre parce qu’elle agit en mode clandestin et probablement allume-t-elle des contre-feux comme en Géorgie.

– d’autre part, ne sont réellement significatifs que les propos de Graham, le reste n’étant que rodomontades. Ce qui alors signifie sans surprise que jamais – ô grand jamais – l’insatiable souris US ne renoncera à une seule parcelle de son fromage et ce quelles qu’en soient les difficultés. Mais aussi qu’il est d’abord guidé par son aveuglement qui détruit sa résilience

Crise ultime du monfe occidental et échec des élites
Ces deux postures étant au plan de la raison strictement incompatibles, c’est désormais l’analyse psychiatrique qui prévaut sur le reste, et celle-ci nous dit alors :

– Que Trump ou pas Trump mais surtout s’il y a Trump, la situation actuelle concernant les menaces de guerre, au mieux reste inchangée et plus vraisemblablement ne peut qu’empirer, au simple motif que le narcissisme du personnage est encore plus exacerbé – parce que étonnamment doublé aussi d’égocentrisme -, non par rapport à celui du cerveau musclé qui réside encore dans la Maison Blanche et qui n’en a plus du fait de son dérangement mental manifeste, mais bien par rapport à celui du personnel infirmier non-élu qui l’entoure et décide à sa place, en se croyant exonéré de toute responsabilité historique.

– Donc, qu’il ne nous reste plus qu’à attendre de voir comment vont s’agiter de plus en plus les fous de guerre, et d’examiner ensuite et s’il est encore possible, comment la dentelle missilière russe – agissant alors tel des piqûres d’acupuncture – pourra traiter le malade occidental dont on a parfaitement compris que le missile est le seul langage qu’il puisse encore comprendre.

Si on réinterprète les évènements en cours à l’aune de la longue durée historique, s’imposent alors certains constats :

– le premier est qu’une telle situation n’a rien de nouveau,

– le second est qu’il s’agit d’une sorte de chasse du plus haut niveau dans laquelle, d’une part la proie géopolitique est l’Occident combiné qui s’est de lui-même auto-désigné comme tel en se créant des ennemis plus forts que lui, d’autre part qu’il s’est auto-acculé dans une souricière sans issue, et qu’enfin il n’a biologiquement plus de réflexe de survie ce qui l’amène au suicide telle la marine japonaise avec ses kamikazes en 1945.

Si Lénine était là, il dirait alors, et à juste titre, que la situation actuelle n’est que la crise ultime du capitalisme devenu impérialisme, cette force cynique qui veut les bénéfice de la guerre, qui sait la fomenter mais qui ne veut pas en endosser les conséquences. Or c’est précisément là où se situe la crise véritable : le système centré sur Washington s’est beaucoup trop dévoilé pour faire croire qu’il n’y est pour rien quand tous les pouvoirs qu’il manipule ne sont plus que, trop visiblement, des marionnettes, et que par conséquent seule la destruction de l’origine du mal – donc de lui- est acceptable pour le reste du monde. T

Oreshnik est donc une médication qui n’a pas vocation à guérir le patient mais à révéler sa maladie dans toute sa splendeur.