Poutine souhaite seulement rassembler son peuple dispersé, après la chute de l’URSS, mais n’a pas, contrairement à Hitler, l’intention d’envahir l’Europe !
La comparaison du rassemblement du peuple russe (Ukraine, Biélorussie, Transnistrie, éventuellement nord du Kazakhstan) par Poutine, avec le rassemblement du peuple allemand (Autriche, Sudètes, Alsace-Lorraine) par Hitler, ne pourrait être faite que si Poutine avait ensuite, comme Hitler, l’intention et l’idée fixe de s’attaquer à la Pologne, avant de partir, comme Staline, à la conquête de l’Europe entière. Ce ne sera pas le cas, car la Russie, plus grand pays du monde où l’on peut mettre tous les États-Unis à la place de la seule Sibérie a, bien au contraire, besoin du potentiel économique et humain de l’Europe pour maintenir son emprise sur la Sibérie, et ne pas se faire dévorer par le Caucase, la Turquie, l’Iran, l’Asie centrale, l’islam, la Chine et le Japon !
L’intégration décidée en 2022 d’une façon très hâtive par la Finlande et la Suède, de rejoindre l’OTAN, relève de cette peur non justifiée du schéma hitlérien de l’« Anschluss » en 1938. C’est la raison pour laquelle il est souhaitable que la Russie, après la défaite de l’OTAN en Ukraine, ne reprenne que Novarossia, tout au long de la Mer noire, Kharkov et possiblement Kiev. Dans tous les cas, Poutine aura l’intelligence de ne récupérer au maximum que toute l’Ukraine, sauf la Galicie irréductiblement européenne par sa religion uniate et sa longue histoire avec l’empire d’Autriche-Hongrie. Par là même, la Russie montrera au monde qu’elle n’a pas de visée expansionniste vers l’ouest de l’Europe. C’est d’ailleurs ce qu’a tenu déjà à démontrer Poutine, en prenant soin de remettre des prisonniers ukrainiens d’origine hongroise, qui subissent le joug de l’« ukrainisation » forcée par la langue, directement à la Hongrie ! Le but recherché par Poutine, et c’est ce que devraient comprendre les Européens, est au contraire de s’assurer seulement d’un minimum vital démographique pour la Russie entre 160 millions et 200 millions d’habitants, afin de pouvoir survivre et garder l’immense Sibérie très convoitée avec ses richesses énergétiques et minières.
Les Européens, au lieu d’avoir peur de la Russie, devraient au contraire se réjouir de la survie à long terme de la Russie, bouclier protecteur à l’est de leur civilisation. Les Européens avisés doivent, bien au contraire, tout faire pour aider la Russie à se développer et à prospérer, en gardant une Sibérie européenne, « Far East » des Européens en Asie ! Dans le cas contraire, la Russie se fera dévorer par la Chine et l’Asie centrale. Ce serait alors une poussée civilisationnelle asiatique et islamique, en sens inverse, menaçant la survie d’une Europe décadente, en déclin démographique, dont l’identité est de plus en plus menacée par l’immigration africaine.
Auguste Comte disait qu’il fallait « savoir pour prévoir et prévoir pour pouvoir », ce qui est l’essence même, l’intérêt de la géopolitique. Le dilemme est en fait le suivant : l’Europe et la Russie vont-elles s’imposer définitivement en Sibérie, face à l’Asie centrale, la Chine et l’islam ou finiront-elles, au contraire, par être dévorées, avec, à la clé, la disparition de la civilisation européenne. L’Europe ne veut pas mourir et mettre son destin en péril, suite à la « reductio ad hitlerum » de Poutine par les atlantistes intégristes inféodés à Washington, les progressistes à reculons, les gauchistes nihilistes à courte vue et les Khmers verts idéologues.
La Russie n’est pas une menace pour l’Europe
Lors de la Conférence de Munich du 15 février 2020, le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov a plaidé pour une coopération Europe/Russie et suggéré aux pays européens de renoncer à cultiver le « fantôme de la « menace russe ».
L’opinion mondiale ne se trompe pas ; un sondage Gallup relaté par le Monde en janvier 2014 a posé la question : « D’après-vous, quel pays représente la plus grande menace pour la paix mondiale ? ». La question a été posée à un échantillon très important de 66 806 personnes dans 65 pays. Pour 24 %, les États-Unis sont la première menace, pour 8 % c’est le Pakistan, pour 6 % la Chine, pour 5 % l’Afghanistan et de nouveau 5 % pour l’Iran. La Russie ne figurait même pas dans les premiers pays considérés comme « menaçants ».
Il est donc grand temps d’oublier le discours tout à fait gratuit et non fondé de Boissy d’Anglas à la Convention, le 22 janvier 1795, dans lequel il déclarait : « Je sais qu’on peut dire avec fondement que l’Empire russe est un colosse aux pieds d’argile… mais ce géant, avant de périr, vous écrasera… il ne vous démembrera qu’après vous avoir ravagés, dispersés, anéantis ».
La Russie ne deviendrait une puissance impérialiste semblable aux États-Unis que si elle s’attaquait à la Pologne. La Russie tournée pour sa sécurité vers l’Est et le Sud, et non pas l’Ouest, nonobstant l’agression de l’Amérique et de ses stupides valets européens, via l’OTAN et les ONG des révolutions « orange », représente au contraire un espace d’expansion considérable pour les Européens de l’Ouest. La Russie sous-peuplée, peut offrir des matières premières, de l’énergie, un « Far-East » pour les Européens de l’Ouest. Selon Poutine, la Russie pourrait compter 500 millions d’habitants dans son immense territoire.
Luttant pour sa survie démographique dans un immense territoire à défendre, la Russie n’a pas les moyens humains, ni la moindre envie d’envahir l’Europe : elle souhaite au contraire s’en rapprocher !
« La crise démographique que traverse la Russie est une menace pour l’avenir du pays et un défi « historique » a déclaré Poutine au Parlement russe, le 15 janvier 2020. Et il ajoutait, appelant à sortir du « piège démographique » : « Nous sommes aujourd’hui 147 millions, mais nous sommes entrés dans une mauvaise période démographique. Les mauvaises prévisions actuelles ne peuvent que nous inquiéter. Le destin de la Russie et ses perspectives historiques dépendent de combien nous serons ». Fin août 2023, Poutine a, tout comme l’ancien président français Nicolas Sarkozy, fait part de son inquiétude quant à l’augmentation de la population africaine (doublement d’ici 2050 avec une moitié qui aura moins de 20 ans) tandis que la population européenne décline et fait face à des vagues migratoires.
La question démographique obsède Poutine, à juste titre, et il multiplie les efforts pour enrayer le déclin. Le taux de fécondité russe (nombre d’enfants par femme) s’établissait en 2019 à 1,5 enfant par femme. Un objectif de 1,7 a été fixé par Poutine pour 2024. Il se trouve que pour rester identique en nombre, une population doit avoir un taux de fécondité de 2,1 enfants par femme. Poutine a mis en place une extension du programme d’aide financière aux parents, jusqu’alors ouvert à la naissance du second enfant, dès le premier enfant. Avec près de 147 millions d’habitants, le plus vaste pays du monde cherche à remonter la pente depuis les années 2000, mais il reste inférieur, avec des prévisions toujours très préoccupantes, aux 149 millions comptabilisés en 1991, lors de la disparition de l’URSS. La démographie insuffisante de la Russie l’affaiblit face à ses nombreux voisins.
La « perte » de l’Ukraine, lors de la disparition de l’URSS (44 millions d’habitants) explique pourquoi l’indépendance de cette dernière a été ressentie comme une quasi-amputation par la Russie. Pour Poutine, il n’est pas seulement question de récupérer un territoire qui lui appartient de droit, mais il s’agit aussi de « récupérer » cette population russophone slave, donc russe, pour l’intégrer à la Russie.
Faible natalité, faible espérance de vie (alcoolisme plus particulièrement), 27 millions de morts pendant la Seconde Guerre mondiale, écroulement de la natalité après la chute de l’URSS, la Russie cumule les « peines démographiques ». Elle a suffisamment et beaucoup mieux à faire, avec ses maigres ressources humaines dans un immense territoire à défendre, que de vouloir envahir l’Europe, tentative qui serait suicidaire et stupide. La Russie de Poutine souhaite et a toujours souhaité, bien au contraire, se rapprocher de l’Europe !
Les ennemis de l’Europe, ce sont elle-même, l’immigration, l’islam et à très long terme, éventuellement, la Chine ; son adversaire actuel : les États-Unis
Aujourd’hui la crainte de l’hégémonisme chinois l’emporte très clairement aux États-Unis sur le souci d’une résurgence possible de l’impérialisme soviétique. Pour Washington, la Chine est devenue un ennemi alors que la Russie reste, au-delà des apparences, un partenaire stratégique envisageable. Trump l’a très bien compris et a mené, à contrecœur, une politique antirusse qui lui était imposée par le « Deep State ».
Un grand nombre d’Américains sont en train de se rendre compte qu’ils ne parviendront jamais à équilibrer seuls, dans les trente prochaines années, la montée en puissance de la Chine, sur les plans militaire, technologique, financier, et qu’ils ont donc intérêt à amener progressivement les Russes de leur côté. Les Européens, marionnettes manipulées par l’oligarchie américaine de la pensée unique, auraient dû déjà réagir en ce sens et s’opposer à la stupide et suicidaire guerre en Ukraine. Il importe de revenir le plus vite possible à la politique gaullienne de l’Atlantique à l’Oural.
La Crimée déjà aujourd’hui, et demain l’Ukraine, ne seront plus à Washington une obsession stratégique, d’autant plus que les Américains et les Européens savent pertinemment que la presqu’île de Crimée est fondamentalement russe par sa population, depuis la conquête sur l’Empire ottoman par Catherine la Grande au XVIIIe siècle. En revanche, la technologie chinoise est devenue la grande obsession des décideurs stratégiques d’outre Atlantique. Ils ne supportent pas l’idée de voir le géant chinois des télécommunications Huawei équiper en 5G leur territoire ou celui de leurs « alliés » de l’OTAN. Ils estiment que cela donnerait aux Chinois un levier pour paralyser les pays occidentaux, en cas de confrontation politique avec Pékin. L’Amérique est prête à tout pour empêcher les Chinois d’accéder aux technologies stratégiques.
Alors qu’attendent les Européens pour ouvrir enfin les yeux, face au seul véritable danger mortel de l’islam et de l’invasion migratoire conduisant au remplacement des populations et à la guerre civile ! Qu’attendent les Européens pour changer complètement leur opinion et se rapprocher de Moscou, l’Ukraine étant un problème interne de la Russie !
Marc Rousset
