Le 4 mars, les organisateurs des Jeux ont «révélé» l’œuvre censée, sans succès, «capturer l’essence même de la ville hôte et de son peuple».
L’affiche officielle des JO de Paris 2024 a été présentée le 4 mars. Ou plutôt «révélée», ce qui n’est pas rien. Pas n’importe où: «au prestigieux Musée d’Orsay». Cet événement a donc été placé sous les auspices de l’art et du religieux. Mais pas seulement. Cette affiche était supposée «incarner l’âme des Jeux», en célébrer «l’esprit et l’héritage» . Plus encore: elle devait «capturer l’essence même de la ville hôte et de son peuple». De telles ambitions relevaient plus d’une annonciation que d’une présentation. Comment ne pas être ému?
Or, que vit-on? Un dessin inanimé. Une image tirée d’un conte pour enfants attardés. Une grande partouze graphique grouillante de festivités inclusives. Une kermesse déréalisée baignant dans l’irénique et le pastel. Bref, le degré zéro de la béatitude. Certains s’en irritent encore, arguant qu’un tel écart entre le réel et sa représentation est inadmissible. Ils ont tort. Le réel auquel il se réfère n’est qu’un reliquat. Un reliquatde l’Ancien Monde.
Le nouveau est celui que cette affiche représente. Un monde neuf, auquel nos contemporains aspirent et à la venue duquel ils œuvrent quotidiennement. Un monde où la régression infantile serait le but ultime de l’Histoire achevée. Un paradis retrouvé où le principe de plaisir ne serait plus différé. Un monde sans chair où des bambins asexués seraient la figure accomplie de l’humanité. Un monde pacifié par l’innocence et la candeur. Réconcilié par la grâce de l’indifférenciation inclusive. Un monde d’où le tragique, donc la vie, serait enfin absent.