Il y a trois mois, la Russie envahit l’Ukraine et tout a été dit sur les origines du conflit et les responsabilités de chacun dans son déclenchement.
Mais ce qui a été assez peu analysé fût la réponse au conflit des autorités européennes proprement dite (Bruxelles), mais aussi de certains pays comme la France et l’Allemagne.
Ce sont ces réponses que je vais analyser, pour en tirer la conclusion que les effets de cette guerre seront graves, mais beaucoup moins sérieux que les conséquences des décisions imbéciles qui furent prises par nos autorités à l’occasion de ce conflit.
Par exemple .
- Le ministre de l’économie française (si, si, il y en a un), annonce avec un très joli coup de menton que « Nous allons provoquer l’effondrement économique rapide de la Russie. », le « nous » signifiant sans doute les services de Bercy, qui ayant déjà foutu en l’air l’économie française dans les dernières décennies avaient reçu l’ordre de s’attaquer maintenant à l’économie de la Russie et de la mettre au tapis le plus rapidement possible. A moins que ce « nous « ne signifie l’armée européenne partant en guerre contre la Russie, unie comme un seul homme sous le commandement de …(je cherche, mais le commandement de l’armée européenne n’est pas encore précisé, puisqu‘il n’y a pas d’armée européenne, à ma connaissance tout au moins ). Ou alors, il s’agissait d’un « nous » de majesté, Bruno Lemaire se prenant pour Louis XIV et parlant de lui à la première personne du pluriel ?
- Le président Français pour confirmer les dires de son ministre de l’économie, nous informe que l’économie Russe est « en état de cessation de paiement » et qu’elle va s’effondrer très rapidement puisque l’Europe allait cesser tout achat de matières premières (gaz pétrole, charbon, métaux, etc..) à la Russie et que la Russie n’aurait plus accès au système de paiement international Swift. Et le même président de nous annoncer que des mesures fortes allaient être prises contre la Russie et qu’elles avaient déjà commencé, puisque les réserves de change Russes en Euro ou en dollar étaient confisquées aussi bien à la BCE qu’à la banque centrale américaine. D’après le ministre des Finances Américain, madame Yellen, qui était auparavant la Présidente de la Fed, ces confiscations étaient parfaitement illégales puisqu’elles ne pouvaient avoir lieu qu’après une autorisation donnée par les Nations -unies. On attend toujours…
- Et les mesures d’interdiction de tout commerce avec la Russie furent prises dans la foulée et entérinées dans des accords solennels passés à Bruxelles, ce centre de la démocratie mondiale, où seule règne la Loi et la recherche du bien commun.
Résultats :
Le rouble, au moment où le Président Français et son ministre disait que l’économie Russe allait s’effondrer était en forte baisse contre l’Euro étant passé de 75r/$ a 150r/$ et les journalistes français de nous décrire un Poutine, errant dans un palais solitaire et glacé comme le disait le poète, en parlant de quelqu’un d’autre sans doute…
Hélas, la réalité vint rapidement doucher toutes ces belles attentes.
D’abord, de nombreux pays, en Europe même, ne peuvent tout simplement pas se passer d’acheter du gaz, du pétrole ou du charbon à la Russie sans que leurs économies ne s’effondrent immédiatement. Sans énergie, pas d’économie, puisque l’économie n’est que de l’énergie transformée. Et je ne parle pas de la Grèce, ou du Portugal, mais de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne, de la Hongrie… Et ces pays ne peuvent pas en acheter ailleurs puisqu’il n’y en a pas de disponible , personne n’ayant investi depuis quinze ans dans la recherche de combustible fossile, sauf en Russie. Et donc, des dérogations « temporaires » à l’achat de produits russes furent instaurées, ces pays jurant, qu’avant l’aout, foi d’animal, ils cesseraient tout achat de gaz , de pétrole ou de charbon en Russie, promis, juré.
Mais là, coup de théâtre : le Président Russe exige que les acheteurs paient en roubles, puisqu’il est interdit de dollar et d’euro. On voit mal en effet pourquoi il vendrait ses matières premières en recevant des monnaies qu’il n’aurait pas le droit d’utiliser.
Fureur générale en Europe, qui refuse « cette rupture de contrat unilatérale », complètement attentatoire au droit international, ce qui n’empêche pas toutes les compagnies importatrices de gaz ou de pétrole de payer en roubles leurs achats, comme le demandaient les Russes, faute de quoi les économies allemandes, hongroises, autrichiennes etc… et seraient déjà à l’arrêt. De fait, toutes les grandes sociétés en Europe semblent se contrefoutre complètement des recommandations, des ordres ou des interdictions de madame Von der Leyen. Mais selon certaines informations que je n’ai pas pu vérifier, ceux qui achèteraient le plus en roubles, et de très loin, seraient les Italiens, et personne ne comprend très bien pourquoi. Mais la rumeur qui court est que ces achats seraient pour le compte des clients allemands des sociétés de trading Italiennes. En quelque sorte, les Allemands, qui ne veulent pas acheter aux Russes pour ne pas fâcher les écolos qui font partie de la coalition au pouvoir outre Rhin, ne voient aucun inconvénients à acheter à des Italiens ou à des Suisses, ce qui montre un sens aigu de la solidarité que chaque Européen ressent envers les Ukrainiens.
Résumons-nous : l’idée de cesser d’acheter des matières premières énergétiques en Russie pour la mettre à genoux en quinze jours a échoué de façon grotesque et humiliante, et pour l’Europe et pour chacune des Nations qui en fait partie. En fait, l’Europe institutionnelle a géré cette crise aussi mal que celle du Covid , mais le pire est que ce n’est pas fini : non seulement, il va nous falloir acheter nos hydrocarbures en rouble, mais en plus il va falloir acheter, toujours avec des roubles, les matières premières alimentaires et les engrais pour que nous puissions nourrir nos populations. et ce d’ici à la fin de l’année
Depuis la fin 2019, le cours du pétrole est monté de 81 %, mais le prix du blé a été multiplié par 2.6. Et les récoltes s’annoncent mauvaises en Inde, aux USA, au Canada, peut-être en France (sécheresse, inondations, manques d’engrais)…
Et c’est ici qu’il faut se souvenir que la Russie et l’Ukraine assurent environ 40 % des exportations mondiales de grain (3/4 Russie, ¼ Ukraine) et que seule la Russie pourra assurer ces contrats à l’exportation, tous les ports Ukrainiens étant fermés.
Et comme je sais que 100 % des importations de blé égyptiennes ou tunisiennes venaient d’Ukraine ou de Russie, je me dis que la machine migratoire d’Afrique du Nord va se remettre en route et que la Méditerranée va être encombrée cet automne.
Il me semble donc tout à fait évident que les Russes seront prêts à exporter vers les pays en Europe ou ailleurs, à condition bien sûr que le paiement ait lieu … en rouble encore une fois.
Les Russes ne verront aucun inconvénient à prêter des roubles aux Egyptiens ou aux Tunisiens, contre quelques menus services rendus en Libye, mais certainement pas aux Européens.
Et ce qui est en train d’émerger grâce à l’inénarrable incompétence de l’Europe institutionnelle est un monde où nous aurons besoin de roubles pour pouvoir acheter les matières premières dont nous aurons besoin dans le futur, et nous nous sommes interdits toutes les issues pour pouvoir acquérir ces roubles.
Par exemple, nous ne pouvons plus vendre de voitures et d’avions ou de machines-outils aux Russes, pas plus que je ne peux leur vendre ma maison à Avignon, et les Russes cette année vont passer leurs vacances en Turquie et non pas à Saint Tropez.
La question essentielle qui se pose est donc : d’où vont venir les roubles pour acheter et notre énergie et notre nourriture, et nos engrais et nos grains ?
La seule réponse est qu’il nous faudra livrer tout ou partie de nos réserves d’or, et que le rouble n’a pas fini de monter tandis que l’euro, lui, n’a pas fini de baisser et avec lui notre niveau de vie.
Ce qui m’amène à ma conclusion.
Medvedev, dans une de ses dernières communications officielles, a dit que les autorités européennes avaient fait preuve « d’un crétinisme institutionnel » remarquable pendant toute la période, ce qui est surprenant dans une communication officielle, mais ne m’étonne pas, tant je suis d’accord.
Je dis que cette crise était parfaitement évitable, mais que le personnel européen, dans la gestion des problèmes, a été d’une nullité comparable à celle du personnel politique français en 1939 , et que les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Un tel désastre diplomatique, économique, politique devrait amener à des sanctions, madame Von der Leyen et ses deux acolytes devraient être virés toutes affaires cessantes, la Commission ramenée à ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être, un simple secrétariat, tandis que la BCE devrait cesser d’exister avec l’Euro, la Cour de justice et la Cour des droits de l’homme, ce qui permettrait à une nouvelle génération d’élus nationaux d’arriver au pouvoir partout en Europe.
Voilà qui permettrait de sauver ce qui peut encore être sauvé de la construction européenne, la tour de Babel ayant une fois de plus été détruite en temps utile. Faute de quoi l’Allemagne et d’autres peuples européens, en particulier les Italiens (qui vont voter bientôt), les Hongrois et les Grecs, et qui sait les Français tous habillés en jaune, vont vouloir sortir de la construction européenne comme l’ont fait les Britanniques pour pouvoir redevenir des nations «souveraines », dont les élus auront comme mission de défendre les peuples qui les ont élus et non pas les intérêts de l’OTAN.
Quant au Président nouvellement élu par les Français, on peut espérer qu’il cessera de nous parler de souveraineté européenne, qui n’a jamais existé, et qu’ayant échoué dans tous les domaines, il fera ce que tout homme d’honneur ferait dans ce cas, démissionner et disparaître.
Mais en ce qui concerne ce dernier point, j’ai comme un doute.