S’il y a quelque chose à laquelle les marchés financiers prêtent énormément d’attention, c’est bien la « tendance » . « Comme le disent les Anglo-saxons « the trend is your friend «, la tendance est votre amie ». Et comme d’habitude, ce qui m’intéresse c’est le long terme
Prenons un exemple, les taux longs à 10 ans sur les obligations américaines. De 1960 au début des années 80, la tendance des taux était haussière. Depuis, elle a été baissière. De 1960 à 1985, chaque plus bas cyclique était plus haut que le plus bas précédant et ces bas étaient parfaitement alignés, ce qui permettait de définir la tendance haussière
Changement de décor, depuis 1985 tous les plus hauts cycliques sont plus bas que le plus haut précédant et tous ces plus hauts sont parfaitement alignés également, ce qui trace parfaitement la tendance baissière.
Aujourd’hui, nous sommes juste sur la tendance baissière et donc, toute hausse des taux longs aux USA à partir des niveaux actuels impliquerait que nous sommes sortis de la tendance baissière qui a marqué les trente dernières années et ce serait un énorme changement, tant il est vrai que les taux longs aux USA sont aussi les taux directeurs pour le monde entier puisque le dollar est encore et toujours la monnaie de réserve du monde.
Pour faire simple : Gérer de l’argent dans les trente dernières années était assez facile, si on prenait comme hypothèse de travail que les taux baissaient structurellement, ce qui était mon cas.
Voilà une certitude qui risque de disparaître si les taux continuent à monter…
Mais si ce qu’il y a d’extraordinaire est que plusieurs autres variables presque aussi importantes sont dans une situation technique tout aussi critique.
Prenons le taux de change du dollar par rapport a l’euro, qui est sans doute le taux de change le plus important au monde.
Nous sommes à nouveau juste sur la tendance. La question cette fois-ci est la suivante : depuis 2008, le dollar était dans une tendance « haussière ».
Que l’euro passe au-dessus de 1.25 et voilà une autre certitude qui va disparaître.
Venons-en à l’or
Eh bien, et de façon extraordinaire encore une fois, l’or est en plein sur sa tendance baissière.
Si l’or se met à monter par rapport aux niveaux actuels, alors nous sommes sans doute de retour dans un marché haussier pour la relique barbare.
Et je pourrai multiplier ces exemples en prenant par exemple la performance des actions par rapport aux obligations dans le monde entier, la performance de la bourse allemande par rapport aux autres bourses européennes et que sais-je encore.
Et je dois avouer quelque chose au lecteur de l’IDL. En 45 ans de carrière, je n’ai JAMAIS vu un tel alignement des planètes et cela ne laisse pas de m’inquiéter. Qui plus est, je n’ai pas la moindre idée de ce qui a pu causer cette situation totalement inédite.
Jamais je n’ai vu autant de variables financières à un point critique en même temps, jamais. Mais je SAIS que des montants absolument gigantesques sont aujourd’hui gérés par des ordinateurs. Et je suis prêt à parier que TOUS ces ordinateurs ont été programmés pour cracher des ordres de vente ou d’achat dès que les niveaux fatidiques seront franchis.
Et ils risquent d’être tous franchis en même temps.
Et donc, bien entendu, ils cracheront leurs ordres tous ensemble et nous nous trouverons dans la situation d’un bateau quand tous les passagers se précipitent du même côté : il chavire.
Nous avons déjà eu un exemple de ce genre de phénomène début février avec les fonds de volatilité. Je crains que cette alerte n’ait été qu’un galop d’essai.
Dans le fond, un marché a toujours été un endroit ou des humains se rencontraient pour échanger des biens et des services et quand deux humains se mettaient d’accord pour échanger quelque chose, un PRIX était atteint qui satisfaisait les deux parties. Rien de tout cela n’existe quand les ordres sont donnés par des machines. Le système actuel est tout aussi stupide que celui qui sévissait en URSS.
On a juste remplacé des technocrates par des machines.
Je ne suis pas sûr que ce soit un progrès.