par Philippe Fabry
1er décembre 2016.
Quelques informations sont tombées ces derniers jour que nous avons relayées dans notre page La guerre de Poutine, et qui, mises en relation avec des informations un peu plus anciennes, tendent à montrer que les projets d’annexion de Poutine en Europe de l’Est avancent à grands pas.
Ainsi avions-nous noté il y a quelques mois que Poutine avait recréé la 1ere armée blindée de la Garde en 2015 ; force à vocation offensive dissoute en 1998, sa nouvelle mouture doit compter entre 500 et 600 chars d’assaut, 600 à 800 transports de troupes blindés, 300 à 400 pièces d’artillerie et 35 000 à 50 000 hommes.
Il est également apparu ces jours derniers que la Russie avait décidé de remettre en service 3000 tanks T-80. Les experts militaires occidentaux essaient de se rassurer en expliquant que cela serait le signe des difficultés du Kremlin, obligé de remettre de vieux tanks en service plutôt que de tout miser sur le coûteux Armata, le nouveau char de troisème génération dont la propagande russe se gargarise régulièrement et dont la production en série a démarré cette année. Cependant, il ne faut pas non plus croire que le caractère médiocre d’un matériel nous met à l’abri de tout danger : je rappellerai une nouvelle fois que les Allemands défirent les Alliés de manière retentissante en 1940 alors qu’ils avaient moins de blindés et moins d’avions, et que la moitié des blindés allemands avaient un niveau d’armement et de blindage tout juste équivalent à celui des automitrailleuses françaises.
Dans ce contexte, la nouvelle des prévisions logistiques du ministère de la Défense russe devrait mettre l’OTAN dans un état d’alerte élevé : il est prévu pour 2017 un transit de plus de 4000 wagons de matériels et de troupes de la Russie vers la Biélorussie, ce qui représente une hausse de 8000 % par rapport à l’année précédente et 2000% par rapport à 2013, dernière année du grand exercice Zapad de « guerre à l’Ouest ». L’article en lien note justement que la quantité de troupes et de matériels transportables dans un tel nombre de wagons est équivalente à la totalité de la 1ere armée blindée évoquée plus haut. L’article envisage donc, sans doute à raison, une annexion pure et simple de la Biélorussie pour l’an prochain.
Mais les choses ne s’arrêtent pas là.
En effet, la semaine passée, nous avons aussi appris que les missiles Iskander qui avaient été placés dans l’enclave de Kaliningrad sous prétexte d’exercices vont y rester.
Non seulement ces missiles à capacité nucléaire peuvent frapper Berlin en trois minutes, ce qui est un outil de menace et de chantage commode pour le Kremlin, mais leur version conventionnelle est aussi redoutable : à têtes multiples, elle peut causer autant de dommages qu’une frappe nucléaire tactique, mais sans entraîner de radiations et, surtout, sans franchir ce pas de l’escalade nucléaire. Ces missiles fourniront donc une belle couverture sur le flanc ouest, tandis que les troupes déployées en Biélorussie permettront un encerlement total des pays Baltes, ne demeurant comme accès terrestre au reste de l’OTAN que le corridor de Suwalki. Et une fois la Biélorussie annexée comme la Crimée, Poutine ne supportera guère ce trou balte dans sa chère Grande Russie. Il sera près à l’envahir dès la fin de l’an prochain – ce qui ne signifie pas qu’il le fera immédiatement, cela pourra attendre quelques mois.
En rouge la Grande Russie après annexion de la Biélorussie et avant l’annexion des pays Baltes.
Et Moscou s’entraîne également à paralyser ou ralentir la réaction de l’OTAN : les hommes de Poutine sont de redoutables cyberguerriers, et ont récemment perpétré une attaque de grande ampleur contre les réseaux de télécommunications allemands.
Poutine ne se cache même plus : il a récemment déclaré que « les frontières de la Russie ne se terminent nulle part« . La propagande russe essaie de faire passer cela pour une simple blague. Les imbéciles la croient.